Fiche n °142 : A la pointe de l'Epée de Ellen Kushner

Publié le par Simatural

Couverture :


Résumé :
Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d’Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu’impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. 
Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d’un inextricable dédale d’intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie… Au-delà du roman d’aventures mâtiné de mélodrame, au-delà de l’hommage savoureux rendu à Dumas et aux grands récits de cape et d’épée, À la pointe de l’épée est une œuvre forte, profondément dérangeante, sur la nature de la réalité et la moralité de la violence. Une inoubliable galerie de personnages plus grands que nature, désespérés au point de tout risquer.

Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=30398

Mon avis :
Dans ce roman, Ellen Kushner nous emporte dans un monde proche de notre XVIIIè siècle , une société où les nobles vivent à part et détiennent tous les pouvoirs. Tous, même celui d'engager des bretteurs (mercenaires qui font les duels à la place du noble) pour ne pas avoir à risquer leur vie eux même. Saint-Vière est un bretteur,  aussi brillant qu'impitoyable, il est le plus fameux de sa génération, si célèbre et recherché que cela risque de compliqué sa vie. Alec, son amant, est un étrange fantasque assez décalé dans le monde de bandits en tous genres où vit Saint-Vière. La duchesse Tremontaine est une veuve qui excelle aussi bien à recevoir les gens qu'à cacher son jeu. Michael Godwin, jeune noble qui s'ennuie dans son monde et n'arrive plus à se distraire avec ses diverses relations amoureuses, va se lancer tête baissée dans une passion pour la duchesse, et une passion pour l'art de manier l'épée. Lord Ferris, amant de la duchesse et fin politicien est prêt à tout pour arriver à ses fins même au pire. Lord Horn, noble vieillissant qui a perdu son éclat politique et physique, est un homme à vif qui ne supporte plus que l'on bafoue son honneur. Tous se croisent, se frottent et s'entrechoquent comme les épées des duellistes dans une histoire qui pourrait bien mener chacun d'entre eux à sa perte.

Cette galerie de portraits sonne juste, les personnages, sont haut en couleurs ; chacun à une personnalité inattendue, intéressante et qui sort des sentiers battus. On peut noter aussi que ce roman a été l'un des tout premier en fantasy à mettre en avant l'homosexualité masculine.
Ce roman n'est pas de la fantasy médiévale auquelle nous ont habitués les successeurs de Tolkien. Ici, on est plutôt au XVIIIème, dans une société où les codes tiennent le premier rôle. Point de magie, de dragons ou d'enchanteurs. Point non plus de méchant très méchant et de Héros parfait qui lutte pour le bien et pour sauver l'univers.  L'intérêt n'est pas non plus dans de grandes chevauchées héroiques ou des batailles sanguinolentes. Le roman a pour objet, la société, les stratagèmes, les codes, les manières, la politique, les sous-entendus, les égo de chacun, la folie, les moeurs... Ce qui nous intéresse, ce n'est pas ce qui se passe mais la cause et les conséquences d'une action, des analyses qu'on en tire, et ce que les personnages font de la situation. Notons que A la pointe de l'épée est sous-titré en anglais "A melodrama of manners" (un mélodrame de manières).
Pourtant cette particularité qui m'a plût de prime abord comporte aussi son revers de médaille: l'écriture est riche mais quelques fois tellement maniérée, recherchée ou subtile qu'on est plus tres bien sûr de ce que ça veut dire (la faute à la traduction?) et très franchement je ne pense pas que ce soit voulu. De plus, je dois avouer que si les descriptions permettent de rendre compte d'un univers d'une façon incomparable, il y en a un peu trop à mon goût, ce qui rend l'ensemble un peu mou. Dommage.

7/10 Un livre original qui est l'un des précurseur d'un sous-genre de la fantasy appelé par les anglo-saxons "manners" (la fantasy des manières ou maniérisme), mais aussi l'un des tout premier a autant parler d'homosexualité. De l'originalité, du style et des personnages enthousiasmants, pour un roman un peu décevant mais qui mérite d'être lu.

Mitificus

Publié dans Critiques Fantasy

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article