Fiche n °163 : Un Pays à l'Aube de Dennis Lehane
Couverture :
Résumé : Informations complémentaires :
Dennis Lehane est né en 1966 à Dorchester dans le Massachusetts. Après des études à Boston, il part à l'université internationale de Floride. Tout en écrivant son premier livre (Un dernier verre avant la guerre), il vit de métiers divers (livreur, libraire, chauffeur). C'est également un ancien éducateur qui travaillait dans le secteur de l'enfance maltraitée. Ce thème reste très présent dans la majorité de ses œuvres. Il vit aujourd'hui à Boston. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues.
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=31857
Mon avis :
Simatural
Résumé :
L'Amérique se remet difficilement des soubresauts de la Première Guerre mondiale. De retour d'Europe, les soldats entendent retrouver leurs emplois souvent occupés par des Noirs en leur absence. L'économie est ébranlée, le pays s'est endetté et l'inflation fait des ravages. La vie devient de plus en plus difficile pour les classes pauvres, en particulier dans les villes. C'est sur ce terreau que fleurissent les luttes syndicales, que prospèrent les groupes anarchistes et bolcheviques, et aussi les premiers mouvements de défense de la cause noire.
En 1918, Luther Laurence, jeune ouvrier noir de l'Ohio, est amené par un étonnant concours de circonstances à disputer une partie de base-ball face à Babe Ruth, étoile montante de ce sport. Une expérience amère qu'il n'oubliera jamais. Au même moment, l'agent Danny Coughlin, issu d'une famille irlandaise et fils aîné d'un légendaire capitaine de la police de Boston, pratique la boxe avec talent. Il est également chargé d'une mission spéciale par son parrain, le retors lieutenant McKenna, qui l'infiltre dans les milieux syndicaux et anarchistes pour repérer les "fauteurs de troubles" puis les expulser du territoire américain.
A priori Luther et Danny n'ont rien en commun. Le destin va pourtant les réunir à Boston en 1919, l'année de tous les dangers. Tandis que Luther fuit son passé, Danny cherche désespérément le sens de sa vie présente, en rupture avec le clan familial. Dans une ville marquée par une série de traumatismes, une ville où gronde la révolte, la grève des forces de police va mettre le feu aux poudres...
Après la série Kenzie-Gennaro, Mystic River et Shutter Island, Dennis Lehane s'attaque au défi de raconter la naissance de l'Amérique moderne sous la forme d'une flamboyante épopée. Noir et social, lyrique et intimiste, Un pays à l'aube démontre que Lehane est l'une des voix majeures du roman américain contemporain.
Dennis Lehane est né en 1966 à Dorchester dans le Massachusetts. Après des études à Boston, il part à l'université internationale de Floride. Tout en écrivant son premier livre (Un dernier verre avant la guerre), il vit de métiers divers (livreur, libraire, chauffeur). C'est également un ancien éducateur qui travaillait dans le secteur de l'enfance maltraitée. Ce thème reste très présent dans la majorité de ses œuvres. Il vit aujourd'hui à Boston. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues.
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=31857
Mon avis :
On a beau s'y attendre, c'est toujours un bonheur que de lire un roman de l'américain Dennis Lehane. Si vous n'avez jamais tenté ladite chose, accourez donc dans votre librairie préférée réparer cette erreur au plus vite. Pendant longtemps, j'ai cru que Connelly était le plus grand auteur de polar vivant, puis un jour, sur un coup de tête, j'ai lu Un Dernier Verre avant la Guerre, la première aventure du duo Kenzie-Gennaro. J'ai ainsi découvert un auteur formidable qui reste encore à ce jour au sommet du podium de mes auteurs favoris du genre. Vous avez peut-être vu le sympathique Gone, baby, gone (le roman est encore meilleur !) ou l'excellent Mystic River de Clint "Dieu" Eastwood. Et bien, tous deux sont tirés d'ouvrages de Lehane.
Bon, hum hum, j'arrête mon prêche et je vous parle (enfin !) du nouveau roman de Lehane (Lisez Leh... ok ok, j'arrête).
Bien, Un Pays à l'Aube, traduction fantasque de The Given Day, se déroule lors des émeutes qui ont secoué la ville de Boston mais aussi d'autres grandes villes américaines en 1919. Pourquoi 1919 ? Bien, après la première guerre mondiale, les soldats ricains sont rentrés chez eux et ont vu leurs anciens boulots aux mains des noirs. Comme d'habitude en temps de crise, le racisme est d'un seul coup revenu à la mode. De plus, l'économie n'étant pas au beau fixe, les privations en tous genres, ajoutés aux nombreuses tensions ont entraîné le pays dans une lutte syndicale et économique qui aboutira aux émeutes suscitées lors de la grève de la police de Boston.
Bien documenté, l'ouvrage l'est en apparence. Attention : je dis en apparence car, loin de vouloir minimiser les recherches de l'auteur, je ne peux pas me targuer d'être un expert en la matière pour juger dudit travail. Je vais donc me contenter de juger l'histoire et la manière dont elle est racontée.
Premier choc : Un Pays à l'Aube est un beau bébé de presque 800 pages, loin des courtes précédentes productions de l'auteur. Cette longueur du roman ne joue malheureusement pas en sa faveur. Non, on ne voit pas les pages défilées et oui, l'intrigue est passionnante mais les 200 dernirère pages manquent du punch nécessaire pour nous mettre le coup de matraque que l'auteur espérait sûrement donner. Shutter Island et Mystic River étaient irréprochable à ce niveau. Je ne sais pas vous mais moi, j'ai fini les livres à genoux, mes tripes se répendant doucement sur le sol après le coup de poignard des fins respectives. Un Pays à l'Aube ne m'a pas fait cet effet ; pour reprendre ma comparaison du début, j'ai trouvé que Connelly s'en sortait mieux "au petit jeu" des émeutes. Il manque aux débordement dont a été victime Boston et racontés par Lehane, la folie et la rage qu'arrive à y insouffler Connelly dans L'Envol des Anges (si je me rappelle bien). Je crois que Connelly a gagné le pullitzer pour un reportage sur les émeutes de Los Angeles 1993. Peut-être ceci explique-t-il cela. Peut-être faut-il avoir vécu les émeutes pour pouvoir les rendre de manière exactes et "vivantes" sur le papier.
Second choc : Dennis Lehane n'a pas perdu son immense talent pour mettre en scène des personnages cultes qui gagnent rapidement la sympathie du lecteur pour ne jamais la perdre (même une fois le roman refermé). Camper des personnages a été et est toujours le point fort de l'auteur, celui sur lequel il base ses différentes histoires. Danny porte le roman sur ses épaules mais je n'oublie pas non plus Luther et d'autres personnages secondaires, qui par leur personnalité, leur complexité, leur "réalité", m'ont bien plus fait tourner les pages que l'intrigue principale. C'est peut-être un peu dommage au vu de l'ambition de l'auteur mais ces sous-intrigues rattrapent la relative faiblesse de l'intrigue principale et permettent au lecteur de se d'avaler ce pavé et à l'oeuvre de pouvoir prétendre au titre de très bon roman. Ce qui n'est déjà pas si mal.
8/10 Un pays à l'Aube est sans contextation possible, l'oeuvre la plus ambieuse de l'auteur à défaut d'être la plus réussie. Il lui manque le petit grain de folie à la fin et la petite touche de concision qui rendait si percutant Shutter Island pour ne pas le citer. Trop pour lui permettre d'être un chef-d'oeuvre, trop peu pour lui empêcher d'être un très bon roman. Reste donc un livre plaisant à lire avec des personnages forts (je doute qu'il soit possible que l'auteur rate un jour ses personnages) et une ambiance formidable. Beaucoup d'auteurs vendraient père et mère pour arriver à ce résultat. Vivement le prochain roman de l'auteur !
Bon, hum hum, j'arrête mon prêche et je vous parle (enfin !) du nouveau roman de Lehane (Lisez Leh... ok ok, j'arrête).
Bien, Un Pays à l'Aube, traduction fantasque de The Given Day, se déroule lors des émeutes qui ont secoué la ville de Boston mais aussi d'autres grandes villes américaines en 1919. Pourquoi 1919 ? Bien, après la première guerre mondiale, les soldats ricains sont rentrés chez eux et ont vu leurs anciens boulots aux mains des noirs. Comme d'habitude en temps de crise, le racisme est d'un seul coup revenu à la mode. De plus, l'économie n'étant pas au beau fixe, les privations en tous genres, ajoutés aux nombreuses tensions ont entraîné le pays dans une lutte syndicale et économique qui aboutira aux émeutes suscitées lors de la grève de la police de Boston.
Bien documenté, l'ouvrage l'est en apparence. Attention : je dis en apparence car, loin de vouloir minimiser les recherches de l'auteur, je ne peux pas me targuer d'être un expert en la matière pour juger dudit travail. Je vais donc me contenter de juger l'histoire et la manière dont elle est racontée.
Premier choc : Un Pays à l'Aube est un beau bébé de presque 800 pages, loin des courtes précédentes productions de l'auteur. Cette longueur du roman ne joue malheureusement pas en sa faveur. Non, on ne voit pas les pages défilées et oui, l'intrigue est passionnante mais les 200 dernirère pages manquent du punch nécessaire pour nous mettre le coup de matraque que l'auteur espérait sûrement donner. Shutter Island et Mystic River étaient irréprochable à ce niveau. Je ne sais pas vous mais moi, j'ai fini les livres à genoux, mes tripes se répendant doucement sur le sol après le coup de poignard des fins respectives. Un Pays à l'Aube ne m'a pas fait cet effet ; pour reprendre ma comparaison du début, j'ai trouvé que Connelly s'en sortait mieux "au petit jeu" des émeutes. Il manque aux débordement dont a été victime Boston et racontés par Lehane, la folie et la rage qu'arrive à y insouffler Connelly dans L'Envol des Anges (si je me rappelle bien). Je crois que Connelly a gagné le pullitzer pour un reportage sur les émeutes de Los Angeles 1993. Peut-être ceci explique-t-il cela. Peut-être faut-il avoir vécu les émeutes pour pouvoir les rendre de manière exactes et "vivantes" sur le papier.
Second choc : Dennis Lehane n'a pas perdu son immense talent pour mettre en scène des personnages cultes qui gagnent rapidement la sympathie du lecteur pour ne jamais la perdre (même une fois le roman refermé). Camper des personnages a été et est toujours le point fort de l'auteur, celui sur lequel il base ses différentes histoires. Danny porte le roman sur ses épaules mais je n'oublie pas non plus Luther et d'autres personnages secondaires, qui par leur personnalité, leur complexité, leur "réalité", m'ont bien plus fait tourner les pages que l'intrigue principale. C'est peut-être un peu dommage au vu de l'ambition de l'auteur mais ces sous-intrigues rattrapent la relative faiblesse de l'intrigue principale et permettent au lecteur de se d'avaler ce pavé et à l'oeuvre de pouvoir prétendre au titre de très bon roman. Ce qui n'est déjà pas si mal.
8/10 Un pays à l'Aube est sans contextation possible, l'oeuvre la plus ambieuse de l'auteur à défaut d'être la plus réussie. Il lui manque le petit grain de folie à la fin et la petite touche de concision qui rendait si percutant Shutter Island pour ne pas le citer. Trop pour lui permettre d'être un chef-d'oeuvre, trop peu pour lui empêcher d'être un très bon roman. Reste donc un livre plaisant à lire avec des personnages forts (je doute qu'il soit possible que l'auteur rate un jour ses personnages) et une ambiance formidable. Beaucoup d'auteurs vendraient père et mère pour arriver à ce résultat. Vivement le prochain roman de l'auteur !
Simatural