Fiche n° 278 : Le Déchronologue de Stéphane Beauverger
Couverture :
Résumé :
Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un gallion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable : un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort !
Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre !
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=32673
Mon avis :
"Je suis le capitaine Villon et je mourrai bientôt".
Ainsi commence Le Déchronologue, quatrième oeuvre de Stéphane Beauverger et déjà l'un des romans de l'année. Il suit le sillon d'Henri Villon, un capitaine français qui a hissé le drapeau noir en haut de son mât. Il dirige l'un des plus beaux -sinon le plus beau- navire de l'époque, Le Déchronologue, un vaisseau dont les canons tirent du temps... Un homme complexe qui, à la lecture de ses aventures, aura autant été acteur que spectateur d'une époque de piraterie et de voyages temporels.
Dès les premières pages apparaîssent deux éléments conducteurs du récit. Le premier concerne Henri Villon lui-même. Narrateur érudit et cultivé, il parle d'une langue fleurie, d'un langage soutenu un peu à l'instar de Don Benvenuto, l'argot en moins. Cette remarque en implique une autre : Stéphane Beauverger écrit bien, très bien même et c'est un véritable plaisir que de lire Le Déchronologue. Le second élément est au coeur du roman et le contamine jusqu'à en commander la forme. Le temps se détraque. Le désordre consécutif à son utilisation et le chaos qui en résulte chamboulent la chronologie des évènements. La rupture dans le temps boulverse celui de la fiction. Ce choix n'est pas gratuit ; il rompt non seulement la linéarité de l'oeuvre mais il apparaît comme logique au regard du thème traité qu'il illustre, preuve à l'appui serait-on presque tenté de dire. Le fond et la forme se réaffirment l'un l'autre.
Au coeur de la forêt, dans un mystérieuse cité s'élève une force composée d'indiens qui veulent renverser le pouvoir colonial espagnol. Une autre force sévit sur les mers avec un nébulleux vaisseau fantôme de métal -à moins que ce ne soit que les racontars de pirates ivres- qui réduit systématiquement en cendre ceux qui le rencontrent, aussi bien les navires que les ports, sans dictinction semble-t-il de drapeaux ou de valeurs. En tout cas, même s'il essaie de garder le contrôle d'une situation qui lui échappe inexorablement, l'Empire espagnol s'effondre doucement sous ces inexplicables escarmouches. Les temps changent...
De la flotte d'Alexandre le Grand aux carcasses de métal des bateaux actuels, le déchronologue aborde, tue et pille avec la même facilité mais plus la même application... En effet, à son bord, le capitaine Villon et son équipage ne comprennent plus qui dirige leur destin. Les indiens ? Les Espagnols ? Si tant est que ce soient des hommes de leur époque...
Dans ce monde de piraterie, les comptoirs vendent des objets des temps passés, présents et futurs : des 26 tours de Bod Dylan aux reliques de l'Antiquité en passant bien sûr par l'or qui fait toujours autant briller l'oeil avide des pirates. Ces merveilles, ces Maravillas comme on les appelle, s'échangent et se volent, donnant parfois un avantage décisif à son possesseur. Ces savoureux anachronismes redynamisent un genre que l'on croyait éculé, celui du roman de piraterie. Rien que d'imaginer des pirates du temps qui naviguent sur toutes les mers, l'idée fait mouche et donne l'eau (salée ?) à la bouche.
Terminons par le point faible (le seul ?) du livre : la qualité de son édition. La Volte nous avait habitué à mieux, à beaucoup mieux (le souvenir de l'édition de La Horde du Contrevent nous vient immédiatement en tête). Le livre se tord dans tous les sens sous son propre poids. Pour tout vous dire, je ne suis pas sûr qu'il résiste à plus de deux lectures... 18 euros, ça va, mais un petit effort supplémentaire sur l'objet livre n'aurait pas été de trop !
9/10 Grand roman de piraterie, le Déchronologue navigue sur les flots du temps et bouleverse les époques aussi bien que les genres. Le nouveau roman de Stéphane Beauverger pillera sans doute possible vos heures de détente avec une aisance et une friponnerie telles qu'il vous faudra bien admettre qu'il s'agit là d'une merveille, unique et anachronique, fruit du travail d'un auteur peu scrupuleux qui fait déjà partie des grands. Un forfait ignoble et abject qu'il convient de lire à tout prix... INCONTOURNABLE !
Simatural
Résumé :
Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un gallion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable : un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort !
Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre !
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=32673
Mon avis :
"Je suis le capitaine Villon et je mourrai bientôt".
Ainsi commence Le Déchronologue, quatrième oeuvre de Stéphane Beauverger et déjà l'un des romans de l'année. Il suit le sillon d'Henri Villon, un capitaine français qui a hissé le drapeau noir en haut de son mât. Il dirige l'un des plus beaux -sinon le plus beau- navire de l'époque, Le Déchronologue, un vaisseau dont les canons tirent du temps... Un homme complexe qui, à la lecture de ses aventures, aura autant été acteur que spectateur d'une époque de piraterie et de voyages temporels.
Dès les premières pages apparaîssent deux éléments conducteurs du récit. Le premier concerne Henri Villon lui-même. Narrateur érudit et cultivé, il parle d'une langue fleurie, d'un langage soutenu un peu à l'instar de Don Benvenuto, l'argot en moins. Cette remarque en implique une autre : Stéphane Beauverger écrit bien, très bien même et c'est un véritable plaisir que de lire Le Déchronologue. Le second élément est au coeur du roman et le contamine jusqu'à en commander la forme. Le temps se détraque. Le désordre consécutif à son utilisation et le chaos qui en résulte chamboulent la chronologie des évènements. La rupture dans le temps boulverse celui de la fiction. Ce choix n'est pas gratuit ; il rompt non seulement la linéarité de l'oeuvre mais il apparaît comme logique au regard du thème traité qu'il illustre, preuve à l'appui serait-on presque tenté de dire. Le fond et la forme se réaffirment l'un l'autre.
Au coeur de la forêt, dans un mystérieuse cité s'élève une force composée d'indiens qui veulent renverser le pouvoir colonial espagnol. Une autre force sévit sur les mers avec un nébulleux vaisseau fantôme de métal -à moins que ce ne soit que les racontars de pirates ivres- qui réduit systématiquement en cendre ceux qui le rencontrent, aussi bien les navires que les ports, sans dictinction semble-t-il de drapeaux ou de valeurs. En tout cas, même s'il essaie de garder le contrôle d'une situation qui lui échappe inexorablement, l'Empire espagnol s'effondre doucement sous ces inexplicables escarmouches. Les temps changent...
De la flotte d'Alexandre le Grand aux carcasses de métal des bateaux actuels, le déchronologue aborde, tue et pille avec la même facilité mais plus la même application... En effet, à son bord, le capitaine Villon et son équipage ne comprennent plus qui dirige leur destin. Les indiens ? Les Espagnols ? Si tant est que ce soient des hommes de leur époque...
Dans ce monde de piraterie, les comptoirs vendent des objets des temps passés, présents et futurs : des 26 tours de Bod Dylan aux reliques de l'Antiquité en passant bien sûr par l'or qui fait toujours autant briller l'oeil avide des pirates. Ces merveilles, ces Maravillas comme on les appelle, s'échangent et se volent, donnant parfois un avantage décisif à son possesseur. Ces savoureux anachronismes redynamisent un genre que l'on croyait éculé, celui du roman de piraterie. Rien que d'imaginer des pirates du temps qui naviguent sur toutes les mers, l'idée fait mouche et donne l'eau (salée ?) à la bouche.
Terminons par le point faible (le seul ?) du livre : la qualité de son édition. La Volte nous avait habitué à mieux, à beaucoup mieux (le souvenir de l'édition de La Horde du Contrevent nous vient immédiatement en tête). Le livre se tord dans tous les sens sous son propre poids. Pour tout vous dire, je ne suis pas sûr qu'il résiste à plus de deux lectures... 18 euros, ça va, mais un petit effort supplémentaire sur l'objet livre n'aurait pas été de trop !
9/10 Grand roman de piraterie, le Déchronologue navigue sur les flots du temps et bouleverse les époques aussi bien que les genres. Le nouveau roman de Stéphane Beauverger pillera sans doute possible vos heures de détente avec une aisance et une friponnerie telles qu'il vous faudra bien admettre qu'il s'agit là d'une merveille, unique et anachronique, fruit du travail d'un auteur peu scrupuleux qui fait déjà partie des grands. Un forfait ignoble et abject qu'il convient de lire à tout prix... INCONTOURNABLE !
Simatural