Fiche n° 311 : Alim le Tanneur de Lupano, Augustin et Penloup
Couverture du tome 1 :
Tome 1 Le secret des eaux
Résumé :
Dans l'empire de Jésameth, être un hors-caste, c'est n'être pas tout à fait un homme. Alim est de ceux-là. Tanneur de profession, il a la charge de recycler les corps sans vie des sirènes tueuses qui viennent s'échouer sur les plages de la cité impériale. Mais le destin redistribue parfois les rôles. Un soir pas comme les autres, l'océan vient vociférer au plus humble des hommes le plus grand des secrets.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=10985
Mon avis :
Il n'y a pas si longtemps, en fouinant parmi les bd, je suis tombé sur Alim le tanneur, une merveilleuse série qui n'a pas fait beaucoup de bruit, mais qui gagnerait vraiment à sortir de l'anonymat.
Alim, c'est donc l'histoire d'un tanneur, de sa fille et du grand-père, qui mènent leur vie dans une société ultra hiérarchisée et dominée par les autorités religieuses. Une histoire toute simple, sur fond de religion, dans un univers fantastique original, très détaillé, fouillé et cohérent. On est vraiment face à un mélange de petits détails, jamais vus ensemble ailleurs, qui fonctionne vraiment bien. La magie se faisant avec de la poudre, le culte de Jesameth le sauveur, les autorités religieuses, le principe des hors-castes, les costumes et les armes typés, tout cela donne une incroyable richesse à cet univers.
Et les personnages au milieu de tout ça ? Simples (Le héros est quand même un tanneur qui essaye de nourrir sa famille !), mais très typés, fouillés et attachants. On suit avec un réel bonheur l'initiation de la petite fille par le grand-père, ou son refus des règles imposées par l'Eglise. On souffre en même temps qu'Alim quand il doit laisser les siens pour nettoyer la plage d'une baleine échouée. Bref, comme pour l'histoire et l'univers, tout fonctionne à merveille ici.
Pour ce qui est de l'aspect visuel maintenant. C'est tout simplement superbe, des dessins à la mise en page. On se retrouve complètement immergé dans cette histoire pleine de vitalité, de fougue, de passion, de... (heu... je m'arrête). Les décors sont réellement sublimes et les couleurs... ah, ces couleurs !! Normalement, je suis plutôt un adepte des couleurs sombres, mais là... Qu'est ce que c'est beau ! Des couleurs subtiles, variées, qui font d'Alim une bd pleine de vie. Je ne crois pas avoir déjà lu une bd si colorée aussi belle. C'est juste sublime.
8.5/10 Tout simplement sublime. Alim, c'est l'histoire passionnante de 3 personnages ultra attachants, dans un univers original, fouillé. Tout fonctionne à merveille, on ne s'ennuie pas une seconde, et on en redemande.
Tome 2 Le vent de l'exil
Résumé :
Recueillis par un village d’éleveur, Alim et sa famille découvrent une société sans caste où un bonheur simple semble possible. Rattrapé par l’empire, ils seront les témoins des méthodes barbares avec lesquelles sont propagées les paroles de Jesameth auprès des contrées profanes. À Brahmalem, le pouvoir théocratique se fissure et fait place aux ambitions individuelles.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=19038
Mon avis :
Une seule remarque pour commencer, sur le dessin et les couleurs. Saperlotte ! Elle(s) maitrise(nt) aussi parfaitement les scènes nocturnes et les décors enneigés ! Ah !!! C'est beau le talent...
Changement de tome, changement de cadre après l'exil forcé suite à la découverte d'artefact remettant en cause l'existence même du culte à Jesameth. Ce qu'on croyait être un univers entier au premier tome, ne se révèle être qu'un Empire. Et on découvre donc avec beaucoup d'interêt les peuples extérieurs. C'est toujours aussi interessant, aussi typé, aussi cohérent. Avec toujours autant de simplicité, de légèreté.
Ici, c'est chez un peuple vivant dans les montagnes, voyageant avec la force du vent, qu'Alim a trouvé refuge. Ce dernier est traqué par la Nef iasoubine (les castés du premier tome), qui envoie à sa recherche Torq Djihid, son plus grand guerrier. Changement de cadre donc, mais également changement d'ambiance avec cette menace permanente à leurs trousses. Au final, les thèmes du premier tome restent présents, mais en changeant complètement d'échelle. La domination religieuse de la Nef sur les hors castes se retranscrit dans le prosélitisme de l'Empire vers les autres peuples, de même que les rapports de domination, qui s'étendent à l'échelle du continent.
Au final, ce deuxième tome garde toutes les qualités du premier, en élargissant les frontières, ce qui donne à la série une dimension épique insoupçonnée.
9/10 Un deuxième tome au moins aussi bon que le premier. Tout en gardant les qualités du premier, les auteurs réussissent à se renouveler grace à un changement d'échelle et de cadre. Les peuples rencontrés sont toujours aussi originaux, les personnages toujours aussi attachants. Alim le tanneur, c'est du bon !!!
Tome 3 La terre du prophète pâle
Résumé :
Dix ans ont passé depuis la mort de Pépé et autant d’années pour Alim, fait prisonnier, sans nouvelles de sa fille Bul ni du monde extérieur. Récupéré par un sorcier, il est alors rattrapé par l’Empire jésaméthien. Son ancien peuple, les adorateurs de Jésameth, a traversé l’océan interdit afin de propager la bonne parole aux contrées profanes. La conquête d’un nouveau monde est en marche.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=27014
Mon avis :
Une nouvelle fois, on change complètement de cadre, ici, tel Jesameth avant lui (s'il avait pas été bouffé par une baleine), Alim a traversé le grand océan. Rescapé d'un terrible accident, il est recueilli par un peuple de nomades à la peau noire.
Ce troisième tome se déroule 10 ans après. Alim, seul, a été vendu en tant qu'esclave à un étrange animiste, qui s'en sert d'animal de foire. Pas la moindre nouvelle des autres personnages. Le seul lien que l'on a avec ces derniers, c'est un flash back bienvenu, racontant le jour de la naissance de la petite Bul. Cela a pour effet d'approfondir leur histoire et aussi d'accentuer encore l'effet de manque. Passées les premières pages, on se retrouve assez vite au sein d'une ville gigantesque, destinée à devenir une seconde capitale de l'Empire qui a lui aussi, osé franchir cet océan, grace à un habile contournement des règles sacrées.
La série semble donc prendre la direction d'un modèle "un nouveau tome, un nouvel endroit, un nouveau peuple". Et moi j'aime assez, d'autant qu'une nouvelle fois, ceux-ci sont traités avec beaucoup d'application et de talent.
Et puis tout est en constante évolution, 10 ans ont passé, les personnages ont vieilli, les rôles ont changé. Khelob est devenu Empereur et tente d'étendre encore plus les limites de l'Empire. Torq est devenu un vieux général charismatique en pré retraite. Bref, une série vraiment loin d'être figée, dans le temps comme dans l'espace.
L'histoire elle-même est assez simple. Alim, devenu esclave, est racheté par un homme se rendant en ville, puisqu'il peut lui donner des informations sur le nouvel Empire, vu comme le sauveur. En effet, ce dernier vient de chasser un obscur despote qui oppressait la population. Ici, cela amène évidemment à une remise en cause de l'idée du bien et du mal, sans prétention non plus, mais assez interessante. Le tout avec en toile de fond, une lutte de pouvoir entre l'Empereur et l'Eglise, elle aussi, plutôt bien menée.
Au final, ce troisième tome est vraiment dans la continuation scénaristique des deux premiers, peut être un peu plus simple au niveau de l'histoire, mais on ne s'ennuie vraiment pas une seconde, et on prend toujours autant de plaisir à en découvrir un peu plus sur cet univers décidemment extrêmement riche.
Le seul réel bémol à noter vient de l'aspect graphique. En effet, si globalement, ce troisième tome reste superbe, il y a, je trouve quelques problèmes de contrastes. Les ciels sont monochromes (ce qui ne m'avait vraiment pas choqué dans les premiers tomes), et au milieu de couleurs douces, on se retrouve parfois avec un personnage qui à les cheveux, une fois rose fuscia, une fois orange. Bref, ça pique un peu les yeux. Et puis je trouve les pages 8 et 9 vraiment horribles. C'est dommage, le reste est tout simplement superbe une nouvelle fois. C'est malin aussi de se priver d'une telle coloriste.
Mettez donc des lunettes de soleil pour lire ces 2 pages, et savourez comme je l'ai fait ce troisième tome avec le plus grand des plaisirs. Mais pensez bien à les retirer après, il est sinon possible que la Nef iasoubine vous pourchasse pour hérésie.
7,5/10 Un troisième tome toujours très bon, quoiqu'un peu moins que les deux premiers. L'histoire est un peu simple mais c'est largement compensé par l'approfondissement des personnages et de cet univers d'une richesse hors du commun. Et puis visuellement, c'est toujours aussi magnifique, malgré de petits défauts, et 2 pages qui choquent un peu.
C...