Fiche n° 382 : Notre mère la guerre (Première complainte) de Kris et Mâël
Couverture :
Résumé :
Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l'Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu'on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l'objet de l'attention de l'état-major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d'adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue de tranchée, sépulture impensable pour celles qui sont le symbole de la sécurité et du réconfort, celles qui sont l'ultime rempart de l'humanité. Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l'enquête. Une étrange enquête. Impensable, même. Car enfin des femmes... c'est impossible. Inimaginable. Tout s'écroulerait. Ou alors, c'est la guerre elle-même qu'on assassine...
Informations complémentaires :
http://critic.fr/detail_livre.php?livre=33633
Mon avis :
Avec Kris au scénario il n'est pas étonnant de retrouver une série qui nous scotche directement par la force et l'efficacité de son histoire. On avait déjà été surptis par "Un Homme est Mort", ébloui par "Coupures Irlandaises" il ne vous reste plus qu'à plonger à corps perdu dans la première guerre mondiale, en suivant les pas d'un gendarme chargé d'enquêter sur d'étranges meurtres. Certes l'histoire semble déjà vue ( lisez " La Tranchée" chez Vents d'Ouest ou bien "Caméléon" chez Casterman), mais cela n'a aucune espèce d'importance, car l'auteur nous tient par sa verve et le dessinateur nous éblouit case après case, page après page.
C'est une histoire d'hommes face à l'horreur, une histoire de guerre qui devait être la dernière et on en prend plein le bide du scénario impeccable et plein les yeux du trait sans faille qui nous présente les horreurs des affres de la guerre.
9/10 Fort et magnifique ce premier album présage d'une belle réussite.
Eric
PS : Et vous pouvez même vous faire une petite idée en 8 planches ici :
http://www.bdgest.com/preview-573-BD-notre-mere-la-guerre-premiere-complainte.html.
Sincèrement, après ça, si vous vous retenez encore, je comprends pas ;o)
*****
Mon avis :
Guerre de 14, des corps de femmes sont retrouvés au milieu des tranchées. Dans leurs vêtements, une lettre d'adieu, écrite de la main de l'assassin... Face à ces drames, un gendarme est envoyé pour enquêter. Faisant preuve de beaucoup de zêle, il décide de pousser jusque dans les tranchées elles-mêmes.
C'est l'histoire d'une guerre, de tranchées, mais racontée(s) de façon originale, loin des oeuvres qui ont marqué la période (Tardi, pour ne citer que lui). Ici, la guerre est vue à travers le prisme d'une enquête, menée sur le front. On est donc relativement loin des habituels tableaux historiques, montrant juste la guerre, ses horreurs, des batailles, des morts.
Cette enquête est donc menée par un gendarme, un militaire, qui va se retrouver confronté, en plus des difficultés inérantes à l'investigation elle-même, à toute la haine et les railleries des soldats, ceux qui se battent vraiment pour la patrie, en risquant leur vie tous les jours au front. Ils ne comptent pas se laisser diriger par un type qui reste bien planqué en ville, derrière un bureau. Ce gendarme, en allant seul dans les tranchées, va clouer le bec à tous ses détracteurs.
Des dessins et des couleurs magnifiques, toutes en retenue, qui, aux côtés d'une narration superbe, calme et posée, et d'un scénario captivant, participent d'une immersion totale au sein des tranchées.
Sans être étouffé par la lourdeur et l'horreur de l'évênement, on a pourtant l'agréable sensation de comprendre la guerre comme rarement on l'a fait. Un lieu de mort, certes, mais avant tout d'êtres vivants, avec leur histoire, leur caractère, leur vie, leur drame.
9/10 Notre mère la guerre, c'est un tableau de personnages fouillés et cohérents, dans un décor et un contexte qui n'ont rien à leur envier de ce point de vue là. Une histoire de la guerre comme on en fait peu, toute en douceur et en subtilité.
C...