Fiche n° 839 : Trois Soeurcières (Les Annales du Disque-Monde 6) de Terry Pratchett

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :
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Résumé :
Le vent hurlait. La foudre lardait le pays comme un assassin maladroit... La nuit était aussi noire que l'intimité d'un chat. Une de ces nuits, peut-être, où les dieux manipulent les hommes comme des pions sur l'échiquier du destin. Au cœur des éléments déchaînés luisait un feu, telle la folie dans l'œil d'une fouine. Il éclairait trois silhouettes voûtées. Tandis que bouillonnait le chaudron, une voix effrayante criailla : " Quand nous revoyons-nous, toutes les trois ? " Une autre voix, plus naturelle, répondit : "Ben, moi, j'peux mardi prochain. " " Rois, nains, bandits, démons, héritiers du trône, bouffons, trolls, usurpateurs, fantômes, histrions et tables tournantes : rien ne vous est épargné. Shakespeare n'en aurait pas rêvé tant. Ou peut-être si ? Avec, en exclusivité, le ravitaillement en vol d'un balai de sorcière.

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Mon avis :
Après avoir détourné les codes de l’héroic-fantasy avec les aventures de Rincevent, Pratchett s’attaque ici à un très gros morceau : pasticher Shakespeare !

S’inspirant des tragédies comme Hamlet ou Macbeth, l’auteur parvient à rendre comique une histoire pourtant sombre, et ce grâce à des personnages extrêmement vivants.

Le retour de Mémé Ciredutemps et de l’humour froid qui lui est lié se marie en effet avec le caractère débonnaire de « Nounou » Ogg, sorcière et chef de famille à plein temps. La jeune et romantique Magrat permet de calmer le feu entre ces deux figures explosives.

Mais le trio principal n’est pas le seul à verser dans la parodie : Le duc Kasqueth, meurtrier du roi Vérence, est pitoyable dans ses efforts pour paraître méchant (on pense aux efforts du Bourgeois gentilhomme), alors qu’il culpabilise en réalité et se laisse diriger par sa femme.

Le fou se montre également caricature : son rôle est d’amuser la cour, mais lui-même n’a plus goût à la vie…
Enfin, et surtout, le nain Hwel, auteur des pièces jouées par une troupe de théâtre, permet à Pratchett de glisser de nombreuses références lorsqu’il est soudain pris de crise d’inspiration.

Les codes du théâtre (unité de lieu, de temps et d’action) sont évidemment bouleversés pour notre plus grand plaisir, et pourtant tout reste cohérent. On a en effet l’impression d’assister à une succession de scènes et d’actes, mêlant plusieurs intrigues jusqu’au dénouement final.

9/10 Il fallait oser s’attaquer à un des meilleurs auteurs de tous les temps, surtout pour le pasticher. Sir Pratchett y parvient avec un brio étonnant, parvenant à mêler son propre style d’écriture à une adaptation moderne de la tragédie. Un très bon volume, qui a de plus le mérite de présenter des personnages attachants et promis à de belles aventures.

Chips

Publié dans Critiques Fantasy

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