Fiche n° 435 : Le Sourire du clown de Brunschwig et Hirn
Couverture :
Résumé :
Tout commence lorsque le voyage s¹achève. Sans gloire, à la page des faits divers. Grocko et Clock sont deux vieux clowns quinquagénaires, qui n¹ont jamais réellement connu le succès. Depuis des années, ils transportent, de villages en petites cités de banlieue, leur spectacle de rue, gagnant leur vie, vaille que vaille, menant pourtant toujours à bien la minuscule mais valeureuse mission qu¹ils se sont fixée : apporter un peu de rire et d¹émotion là où ils passent. Leur tournée les a menés jusqu¹à la cité des Hauts-Vents, un labyrinthe de tours HLM, en marge d¹une petite ville industrielle, où règne tristesse et mélancolie. C¹est là que se termine le voyage des deux complices.
Grocko est assassiné d¹une balle dans la tête, tirée par une mère de famille sans histoire, dans un accès de folie, sous les yeux de son fils Djin, âgé de huit ans, qui suivait depuis peu le clown comme son ombre.
Un an plus tard, Djin, sans père et privé de mère, revient à la cité des Hauts-Vents avec son oncle et sa tante. Profondément traumatisé par le crime de sa mère, il ne parle plus, son visage s¹est figé. Il est totalement inexpressif, il semble ne plus rien ressentir, il est sans vie.
Informations complémentaires :
Tome 1 : http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=16984
Tome 2 : http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=26941
Tome 3 : http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=35020
Mon avis :
Juillet 1989, dans la cité des Hauts Vents, Glocko et Clock forment un duo de clowns itinérants. Un jeune garçon, Djin, s'est épris d'amitié pour le plus rigolo des deux : Glocko. Sa mère, la bonne du curé, sur un funeste quiproquo, tue le clown d'une balle dans la tête, posant ainsi, la première pierre d'un drame magnifique...
10 ans plus tard. Le gamin s'est muré dans le silence, sa mère incarcérée, le curé est parti, laissant la cité sans Eglise, et Clock a réussi à redonner un peu de sourire aux habitants, en créant le rituel de la chanson du soir et une "école de la rue", enseignant le cirque à une quarantaine d'enfants de la cité. Quand il est assassiné à son tour, juste avant noël, la cité s'embrase...
Barricades, luttes contre la police, débordements, manipulations politiques des médias, isolement... Les auteurs dressent un tableau réaliste et poignant d'une cité en crise, sans jamais sombrer dans la caricature.
Des personnages touchants, profondément humains, un peu dépassés par les évênements, qui tentent de s'en sortir. Djin qui vit chez son oncle et qui parle à l'aide d'un cahier. José, journaliste de presse locale qui aimerait plus mais manque cruellement d'ambition. Cette vieille dame qui ne voit pas ce qui se passe dans la rue tant qu'elle a de quoi nourrir les chats sur le toît...
Des dessins superbes, doux et colorés, qui tranchent avec la lourdeur et la violence du thème abordé, ne lui donnant que plus d'impact et de force. La construction des trois couvertures est vraiment superbe.
Et puis, un scénario excessivement bien construit, usant et abusant des flash backs, dévoilant à chaque page une histoire toujours plus complexe, toujours plus captivante, où le rôle de ce curé qui revient, charismatique, intrigant, effrayant, est de plus en plus sombre. Tout cela parce qu'il ne craignait qu'une chose, voir son Eglise impuissante dans sa cité, face au sourire du clown...
9/10 Une histoire poignante, intense, racontée sans la moindre caricature, sans sombrer dans le tape à l'oeil, le sensationnel. Et, le tout mêlé à ces dessins superbes, on prend une grosse claque, tout en douceur...
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