Fiche n° 510 : Brasyl de Ian McDonald
Couverture :
Résumé :
Le Brésil : pays de merveilles et de miracles, de corruption et de violence.
À notre époque, à Rio de Janeiro, la télé réalité règle ses comptes avec le gardien de but responsable de la défaite de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde en 1950. Marcelina, la productrice de l’émission, est sur le point de devenir la cible d’une conspiration séculaire et implacable.
En 1732, au plus profond de la forêt amazonienne, un missionnaire jésuite, à la lame aussi affûtée que l’esprit, est sur la piste d’un prêtre hérétique et sanguinaire qui fait régner la terreur.
En 2032, à São Paulo, un jeune homme rêve de sortir de sa favela sordide. La mégalopole est étroitement surveillée par des mouchards électroniques, mais l’arrivée sur le marché noir des technologies quantiques pourrait changer la donne. Pour le meilleur ou le pire…
Trois époques, trois histoires, trois Brésil. Une même énigme.
Le chef-d’œuvre de Ian McDonald.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=34783
Mon avis :
Un gâchis, un terrible gâchis que Brasyl. Après Roi du Matin, Reine du Jour, on attendait Ian McDonald au tournant, surtout que Brasyl a la réputation d'être son chef-d'oeuvre. Oui, il l'est : génial, époustouflant, vertigineux, grandiose, riche, dense, bourrés de bonnes idées ; les superlatifs abondent. Pour ne rien vous cacher, Brasyl est le meilleur roman de SF que j'ai lu depuis Spin. Rien que ça !
Construit sur trois époques à l'instar de Roi du Matin, Reine du Jour, Brasyl se différencie en emmêlant les trois histoires là on son prédécesseur s'appuyait sur une division en trois parties distinctes. Cette imbrication se justifie rapidement lorsqu'il devient clair pour le lecteur que les trois histoires sont intimement liées, d'une manière ou d'une autre... En SF, on le sait, le temps peut parfois prendre des cours inattendus…
Du Brésil de notre époque, Ian McDonald dresse un portrait terrifiant via la vie de cette productrice de téléréalité. Lorsque cette-ci s'attaque au football - presqu'une religion au Brésil, le débat atteint vite des proportions qu'elle n’aurait pas imaginé… D'abord insupportable, Marcelina se révèle bien plus ambigüe que le début de ses péripéties ne le laissaient croire et l’on ne peut s’empêcher, au fil des pages, d’éprouver une certaine sympathie pour elle.
2032. C'est toujours avec les époques futures que l'inventivité de l'auteur sa fait la plus forte ; ici, il imagine un Brésil sous le joug d'un régime policier, où chaque citoyen se voit en permanence surveillé par un réseau informatique omniprésent. Dans cet avenir très « orwellien », un jeune homme aux identités multiples tombe amoureux d'une hackeuse qui ne tarde pas à être assassinée...
Dans la dernière trame, on suit la mission d'un jésuite chargé par ses supérieurs de mettre fin - d'une manière ou d'une autre - aux agissements de l'un des leurs qui, après une révélation divine, auraient crée son empire au fond fin de la forêt amazonienne. L'impression de lire un roman historique s’efface peu à peu, à mesure que le personnage principal s'enfonce dans les ténèbres de la jungle, que l'horreur se découvre, et que les références au chef-d'oeuvre de Joseph Conrad (Au Cœur des Ténèbres) et à l'adaptation (très libre) qu'en a faite Francis Ford Coppola (Apocalypse Now) se font de plus en plus ressentir.
Et la SF ? C’est vrai qu’à l’exception du cadre anticipatif de la seconde trame, ces trois récits pourraient aisément passer pour de la « blanche ». Ne vous inquiétez pas ! Lorsque de mystérieux clones débarquent et que le temps se détraque, l’amateur de SF pure et dure pourra se prendre son shoot – la fin l’amenant pas loin du septième ciel. Sur la forme, Brasyl pourrait – presque – s’apparenter à un thriller que ce soit dans sa construction (courts chapitres, alternance des points de vue et des époques, etc.) ou dans son intrigue (quel est ce mystérieux fil rouge ?). Pour le reste, l’auteur irlandais reste fidèle à lui-même : dans le style, l’imagination ou la maîtrise - aucune des histoires ne venant jamais prendre le pas sur les deux autres, c’est rien moins que parfait.
Pourquoi alors ce sentiment de déception ? Oui pourquoi ? Avec de tels compliments, on pourrait s’attendre au roman de l’année. Le traducteur s'est cassé les dents sur ce texte. Méchamment. On le sait, traduire Ian McDonald n’est pas une sinécure. Et, là, Cédric Perdereau s’est planté à tel point que l’on a presqu'envie de fermer ce roman sinon parfait, écœuré par la quantité de lourdeurs et de coquilles en tous genres qui fourmillent de-ci de-là. Si l'on comprend la difficulté de l’entreprise, on ne peut que s'étonner que l'éditeur n'ait pas confier le texte à un traducteur plus chevronné ou entrepris, à la remise de la traduction, un travail de correction conséquent.
?/10 Devant l'impossibilité de noter Brasyl (qui l'emporte, les qualités intrinsèques du roman ou l'exécrable traduction ?), il ne me reste qu'à vous engager à vous jeter sur la V.O. (un bon niveau d'anglais est toutefois nécessaire) ou d'attendre une éventuelle retraduction, celle que le roman mérite, celle à laquelle on ne peut que rêver.
Simatural
Résumé :
Le Brésil : pays de merveilles et de miracles, de corruption et de violence.
À notre époque, à Rio de Janeiro, la télé réalité règle ses comptes avec le gardien de but responsable de la défaite de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde en 1950. Marcelina, la productrice de l’émission, est sur le point de devenir la cible d’une conspiration séculaire et implacable.
En 1732, au plus profond de la forêt amazonienne, un missionnaire jésuite, à la lame aussi affûtée que l’esprit, est sur la piste d’un prêtre hérétique et sanguinaire qui fait régner la terreur.
En 2032, à São Paulo, un jeune homme rêve de sortir de sa favela sordide. La mégalopole est étroitement surveillée par des mouchards électroniques, mais l’arrivée sur le marché noir des technologies quantiques pourrait changer la donne. Pour le meilleur ou le pire…
Trois époques, trois histoires, trois Brésil. Une même énigme.
Le chef-d’œuvre de Ian McDonald.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=34783
Mon avis :
Un gâchis, un terrible gâchis que Brasyl. Après Roi du Matin, Reine du Jour, on attendait Ian McDonald au tournant, surtout que Brasyl a la réputation d'être son chef-d'oeuvre. Oui, il l'est : génial, époustouflant, vertigineux, grandiose, riche, dense, bourrés de bonnes idées ; les superlatifs abondent. Pour ne rien vous cacher, Brasyl est le meilleur roman de SF que j'ai lu depuis Spin. Rien que ça !
Construit sur trois époques à l'instar de Roi du Matin, Reine du Jour, Brasyl se différencie en emmêlant les trois histoires là on son prédécesseur s'appuyait sur une division en trois parties distinctes. Cette imbrication se justifie rapidement lorsqu'il devient clair pour le lecteur que les trois histoires sont intimement liées, d'une manière ou d'une autre... En SF, on le sait, le temps peut parfois prendre des cours inattendus…
Du Brésil de notre époque, Ian McDonald dresse un portrait terrifiant via la vie de cette productrice de téléréalité. Lorsque cette-ci s'attaque au football - presqu'une religion au Brésil, le débat atteint vite des proportions qu'elle n’aurait pas imaginé… D'abord insupportable, Marcelina se révèle bien plus ambigüe que le début de ses péripéties ne le laissaient croire et l’on ne peut s’empêcher, au fil des pages, d’éprouver une certaine sympathie pour elle.
2032. C'est toujours avec les époques futures que l'inventivité de l'auteur sa fait la plus forte ; ici, il imagine un Brésil sous le joug d'un régime policier, où chaque citoyen se voit en permanence surveillé par un réseau informatique omniprésent. Dans cet avenir très « orwellien », un jeune homme aux identités multiples tombe amoureux d'une hackeuse qui ne tarde pas à être assassinée...
Dans la dernière trame, on suit la mission d'un jésuite chargé par ses supérieurs de mettre fin - d'une manière ou d'une autre - aux agissements de l'un des leurs qui, après une révélation divine, auraient crée son empire au fond fin de la forêt amazonienne. L'impression de lire un roman historique s’efface peu à peu, à mesure que le personnage principal s'enfonce dans les ténèbres de la jungle, que l'horreur se découvre, et que les références au chef-d'oeuvre de Joseph Conrad (Au Cœur des Ténèbres) et à l'adaptation (très libre) qu'en a faite Francis Ford Coppola (Apocalypse Now) se font de plus en plus ressentir.
Et la SF ? C’est vrai qu’à l’exception du cadre anticipatif de la seconde trame, ces trois récits pourraient aisément passer pour de la « blanche ». Ne vous inquiétez pas ! Lorsque de mystérieux clones débarquent et que le temps se détraque, l’amateur de SF pure et dure pourra se prendre son shoot – la fin l’amenant pas loin du septième ciel. Sur la forme, Brasyl pourrait – presque – s’apparenter à un thriller que ce soit dans sa construction (courts chapitres, alternance des points de vue et des époques, etc.) ou dans son intrigue (quel est ce mystérieux fil rouge ?). Pour le reste, l’auteur irlandais reste fidèle à lui-même : dans le style, l’imagination ou la maîtrise - aucune des histoires ne venant jamais prendre le pas sur les deux autres, c’est rien moins que parfait.
Pourquoi alors ce sentiment de déception ? Oui pourquoi ? Avec de tels compliments, on pourrait s’attendre au roman de l’année. Le traducteur s'est cassé les dents sur ce texte. Méchamment. On le sait, traduire Ian McDonald n’est pas une sinécure. Et, là, Cédric Perdereau s’est planté à tel point que l’on a presqu'envie de fermer ce roman sinon parfait, écœuré par la quantité de lourdeurs et de coquilles en tous genres qui fourmillent de-ci de-là. Si l'on comprend la difficulté de l’entreprise, on ne peut que s'étonner que l'éditeur n'ait pas confier le texte à un traducteur plus chevronné ou entrepris, à la remise de la traduction, un travail de correction conséquent.
?/10 Devant l'impossibilité de noter Brasyl (qui l'emporte, les qualités intrinsèques du roman ou l'exécrable traduction ?), il ne me reste qu'à vous engager à vous jeter sur la V.O. (un bon niveau d'anglais est toutefois nécessaire) ou d'attendre une éventuelle retraduction, celle que le roman mérite, celle à laquelle on ne peut que rêver.
Simatural