Fiche n° 530 : Fugue en Ogre mineur de Collectif
Couverture :
Résumé :
Où sont passés les ogres ?
Les forêts ont été déboisées.
Les châteaux sont désormais hantés par les touristes.
Les grottes par des joueurs de djembé...
C’est absolument faux. N’importe quel enfant vous le dira.
Certains ont squattés nos caves, y apparaissent et disparaissent. D’autres ont choisi de se lancer dans le prêt-à-porter grandes tailles. Les mauvaises langues disent qu’ils s’éclatent aux Etats-Unis.
Quelques-uns sont restés dans leur propre monde et envoient, de temps en temps, de terribles cauchemars à nos chères têtes blondes. Ils vivent à la frontière entre notre monde et le leur.
Les cinq auteurs de ce livre, toutes des femmes, en ont coincé dans leur enfance et les réveillent le temps d’une nouvelle. Mais ne vous méprenez pas. Ils ne resteront pas dans nos pages. Ils ont clé.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=24520
Mon avis :
Avant de publier le Diptyque Clairvoyage / La Brume des Jours avec le succès que l'on lui connaît, Anne Fakhouri a dirigé un ouvrage consacré aux ogres pour les Trois Souhaits (éditions liées au site Actusf). Si l'on regarde attentivement le sommaire, on est peut remarquer que seuls des auteurs féminins le composent. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce que, pour reprendre les termes de l'anthologiste "les femmes connaissent bien les ogres. Elle ont dormi avec (...)" ! Dans cette anthologie aux échos féministes - mais non sexistes, ne vous inquiétez pas !, cinq femmes parlent de l'ogre, de cette figure masculine écrasante, dévorante, effrayante et burlesque… Et oui, les ogres peuvent aussi faire rire...
Jeanne A. Debats ouvre le recueil avec L’Ogre de Ciment où elle pose les valises de ce dernier dans un lieu qui lui est cher : la banlieue. Il y est question d’un viol, celui de Yasmin, une jeune fille de quatorze ans. Avec beaucoup de justesse et peu d’humour, l’auteur de La Vieille Anglaise et le Continent tisse un échange entre les deux protagonistes, entre la victime et un bourreau (même si ce n’est pas le sien), un dialogue où l’ogre n’est pas toujours celui qu’on croit, où l’ogre est toujours la victime d’un autre. Un bon début.
Suivent trois inconnues…
La première, Stéphanie Gaillard nous livre un récit au ton mélancolique, celui de la dernière chasse à l’ogre. Du dernier ogre. Car seul la mort du dernier ogre pouvait arrêter la chasse. Si, dans son déroulement, l’histoire se révèle très prévisible, elle reste plaisante à lire. Une plume prometteuse.
Peut-on manger des enfants et bien éduquer les siens ? Oui, c’est vrai ça… les Ogres font-ils de bons pères ? Une question intrigante à laquelle tente de répondre Ida Mars. Dans cette nouvelle où l’on va de révélations en révélations, on suit la « traque » d’une jeune fille fraîchement sorti du coma par un ogre. Très vite, il apparaît que la belle au bois dormant souffre d’un sale caractère… et que l’ogre est peut-être dans son droit. Ce texte assez jouissif et drôle n’est pas étranger au choix du titre du recueil.
Depuis la parution de l’antho (qui date tout de même de 2006), la troisième a réalisé quelques faits d’armes dont le plus parlant - à nous, fan de fantasy – est sans doute sa participation au scénario de la BD Sinbad qu’elle a co-écrite avec Arleston. Avec La Chair choisie, elle raconte l’histoire de Larve, une sang-mêlée mi-humaine mi-ogre. Son éducation cause pas mal de soucis à son père, Babau. Il aurait dû écouter son propre géniteur et la dévorer à la naissance. Oui, il aurait vraiment dû. Avec cette nouvelle un brouillonne qui s’apparente à bien des égards à une parodie de contes … dans une version trash, Audrey Alwett joue avec les clichés des ogres et des histoires qui les mettent en scène jusqu’au dénouement final… qui va à l’encontre de la plus fondamentale des règles des ogres et, paradoxalement, ne pouvait terminer autrement si l’on considère leur nature.
C'est à l'auteur du très bon Chien du Heaume que revient l'honneur de clôturer l'anthologie. Et que dire sinon qu’elle s’en sort avec les honneurs – justement ; le texte de Justine Niogret est incontestablement le plus réussi des cinq. Les Autres narre (à la première personne) l’expérience d’une jeune orpheline, pris d’une faim qui la dépasse, une faim sur laquelle elle n’arrive pas à mettre un nom… En dépit de l’absence physique d’ogre, cette nouvelle se révèle être la plus ogresque du lot. Ecoeurement et frissons garantis !
6,5/10 Si Fugue en Ogre mineur peut se targuer de ne pas posséder de mauvais élève à son sommaire, il lui manque un morceau inoubliable, celui que l’on relit de temps à autre, celui qui rend une anthologie indispensable.
Simatural
Résumé :
Où sont passés les ogres ?
Les forêts ont été déboisées.
Les châteaux sont désormais hantés par les touristes.
Les grottes par des joueurs de djembé...
C’est absolument faux. N’importe quel enfant vous le dira.
Certains ont squattés nos caves, y apparaissent et disparaissent. D’autres ont choisi de se lancer dans le prêt-à-porter grandes tailles. Les mauvaises langues disent qu’ils s’éclatent aux Etats-Unis.
Quelques-uns sont restés dans leur propre monde et envoient, de temps en temps, de terribles cauchemars à nos chères têtes blondes. Ils vivent à la frontière entre notre monde et le leur.
Les cinq auteurs de ce livre, toutes des femmes, en ont coincé dans leur enfance et les réveillent le temps d’une nouvelle. Mais ne vous méprenez pas. Ils ne resteront pas dans nos pages. Ils ont clé.
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=24520
Mon avis :
Avant de publier le Diptyque Clairvoyage / La Brume des Jours avec le succès que l'on lui connaît, Anne Fakhouri a dirigé un ouvrage consacré aux ogres pour les Trois Souhaits (éditions liées au site Actusf). Si l'on regarde attentivement le sommaire, on est peut remarquer que seuls des auteurs féminins le composent. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce que, pour reprendre les termes de l'anthologiste "les femmes connaissent bien les ogres. Elle ont dormi avec (...)" ! Dans cette anthologie aux échos féministes - mais non sexistes, ne vous inquiétez pas !, cinq femmes parlent de l'ogre, de cette figure masculine écrasante, dévorante, effrayante et burlesque… Et oui, les ogres peuvent aussi faire rire...
Jeanne A. Debats ouvre le recueil avec L’Ogre de Ciment où elle pose les valises de ce dernier dans un lieu qui lui est cher : la banlieue. Il y est question d’un viol, celui de Yasmin, une jeune fille de quatorze ans. Avec beaucoup de justesse et peu d’humour, l’auteur de La Vieille Anglaise et le Continent tisse un échange entre les deux protagonistes, entre la victime et un bourreau (même si ce n’est pas le sien), un dialogue où l’ogre n’est pas toujours celui qu’on croit, où l’ogre est toujours la victime d’un autre. Un bon début.
Suivent trois inconnues…
La première, Stéphanie Gaillard nous livre un récit au ton mélancolique, celui de la dernière chasse à l’ogre. Du dernier ogre. Car seul la mort du dernier ogre pouvait arrêter la chasse. Si, dans son déroulement, l’histoire se révèle très prévisible, elle reste plaisante à lire. Une plume prometteuse.
Peut-on manger des enfants et bien éduquer les siens ? Oui, c’est vrai ça… les Ogres font-ils de bons pères ? Une question intrigante à laquelle tente de répondre Ida Mars. Dans cette nouvelle où l’on va de révélations en révélations, on suit la « traque » d’une jeune fille fraîchement sorti du coma par un ogre. Très vite, il apparaît que la belle au bois dormant souffre d’un sale caractère… et que l’ogre est peut-être dans son droit. Ce texte assez jouissif et drôle n’est pas étranger au choix du titre du recueil.
Depuis la parution de l’antho (qui date tout de même de 2006), la troisième a réalisé quelques faits d’armes dont le plus parlant - à nous, fan de fantasy – est sans doute sa participation au scénario de la BD Sinbad qu’elle a co-écrite avec Arleston. Avec La Chair choisie, elle raconte l’histoire de Larve, une sang-mêlée mi-humaine mi-ogre. Son éducation cause pas mal de soucis à son père, Babau. Il aurait dû écouter son propre géniteur et la dévorer à la naissance. Oui, il aurait vraiment dû. Avec cette nouvelle un brouillonne qui s’apparente à bien des égards à une parodie de contes … dans une version trash, Audrey Alwett joue avec les clichés des ogres et des histoires qui les mettent en scène jusqu’au dénouement final… qui va à l’encontre de la plus fondamentale des règles des ogres et, paradoxalement, ne pouvait terminer autrement si l’on considère leur nature.
C'est à l'auteur du très bon Chien du Heaume que revient l'honneur de clôturer l'anthologie. Et que dire sinon qu’elle s’en sort avec les honneurs – justement ; le texte de Justine Niogret est incontestablement le plus réussi des cinq. Les Autres narre (à la première personne) l’expérience d’une jeune orpheline, pris d’une faim qui la dépasse, une faim sur laquelle elle n’arrive pas à mettre un nom… En dépit de l’absence physique d’ogre, cette nouvelle se révèle être la plus ogresque du lot. Ecoeurement et frissons garantis !
6,5/10 Si Fugue en Ogre mineur peut se targuer de ne pas posséder de mauvais élève à son sommaire, il lui manque un morceau inoubliable, celui que l’on relit de temps à autre, celui qui rend une anthologie indispensable.
Simatural