Fiche n° 550 : Scalped d'Aaron et Guera

Publié le par Winter

Couverture :
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Résumé :
Sombre et désespérée, cette série nous plonge dans le quotidien d'une réserve amérindienne. Après quinze ans d'absence, Dashiel Bad Horse y retourne et constate que rien n'a changé, elle est toujours rongée par la drogue, la violence et le crime organisé.

Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=35725

Mon avis :
Après quinze années d'absence, Dashiel Bad Horse, fils d'une activiste sioux des années 70, revient dans la réserve de son enfance. Véritable tiers-monde au cœur des USA, Prairie Rose est gangrenée par la violence, la misère, l'alcoolisme, la drogue. Dirigée par le chef Red Crow et sa milice tribale qui agissent en véritable organisation maffieuse, la communauté s'apprête à inaugurer un nouveau projet qui doit la faire sortir de cette misère : un casino. Le retour de Bad Horse vient semer un méchant bordel dans le déroulement des opérations.

Voilà une série dont j'attendais avec impatience la publication en France tant j'en avais entendu du bien. Un comic mettant en scène une réserve indienne sur un mode réaliste, cru, hardboiled, voilà qui avait de quoi me mettre l'eau à la bouche. Ajoutez à cela un texte introductif dithyrambique de Brian Vaughn, le scénariste de Fables, ne tarissant pas d'éloges sur Jason Aaron, présenté comme la réponse américaine à l'école britannique des Ellis, Moore, Millar, Ennis et consorts.

Soyons clair : Aaron n'est pas (encore) Garth Ennis mais il fait de son mieux pour le devenir, sans doute un peu trop d'ailleurs. Au point de sombrer dans certains excès (de jeunesse sans doute) qui finissent par lui être préjudiciables. Le langage des personnages est tellement ordurier que ça semble vraiment forcé. Aaron donne l'impression d'obéir à un cahier des charges : de la violence pour la violence, gratuite. Là où Ennis compense par une autodérision et un humour très présents (je pense à Preacher ou à La Pro), Aaron reste dans un registre sinistre qui finit par paraître artificiel. A ce titre, la scène introductive où Bad Horse explose la tête de 15 types à lui seul est symptomatique.

Passé ce petit défaut, il faut reconnaître que Aaron sait construire une ambiance et nous présente un univers extrêmement original : une réserve indienne vue de l'intérieur. A l'heure où Marvel et DC nous abreuvent de mega-crossover, des titres comme Scalped ou DMZ font vraiment plaisir : des comics avec une conscience sociale et politique !

La partie graphique de R.M. Guera est franchement excellente. Ses planches fourmillent de détails, ce qui n'est pas si courant dans les productions américaines où le rythme effréné de parution empêche souvent les artistes de montrer ce dont ils sont vraiment capables. Ses scènes d'actions sont très efficaces et dynamiques. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à du John Byrne qui aurait été encré par Franck Miller, rien que ça. L'épaisseur du trait peut faire penser à Ronin par exemple. Voilà un dessinateur que je serais curieux de voir dans un cadre moins productiviste.

Alors, bien sûr, il ne s'agit que d'un premier tome (soit les cinq premiers épisodes américains) qui introduit la série et les personnages mais c'est déjà très prometteur. Scalped a le potentiel pour devenir une excellente série.

6.75/10. Un univers sombre et intriguant, des personnages taillés au couteau, un premier tome efficace et spectaculaire. On attend la suite avec impatience pour confirmer cette bonne impression.

Winter

Publié dans Critiques Comics

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