Fiche n° 623 : Incognito de Brubaker et Phillips

Publié le par Winter

Couverture :
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Résumé :
Zack Overkill est ce qui se fait de mieux en matière de supercriminel : hyperviolent, amoral et surpuissant. Il a pourtant choisi de raccrocher et de balancer ses anciens partenaires en échange d'une immunité totale. Il doit désormais réfréner ses pulsions meurtrières et vivre une vie d'employé modèle, sous peine d'être lâché par son agent de probation. Mais combien de temps pourra-t-il tenir ?


Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=36363

Mon avis :
Que se passe-t-il après les super-bastons, quand le héros a mis une bonne volée au vilain ?
Eh, bien, le super-vilain va en prison, s'évade et reprend ses super-projets de domination mondiale et bis repetita, ad infinitum, ad nauseum.

Pour Incognito, Ed Brubaker a décidé de la jouer différemment, sur un mode un peu plus réaliste. Au cours de leur dernière et violente altercation avec les forces du S.O.S (admirez l'acronyme), un des frères Overkill est resté sur le carreau. C'en est trop pour Zack Overkill qui décide de coopérer avec la justice. Voilà donc notre super-vilain engagé dans le programme de protection des témoins : nouveau nom, nouveau job, nouvelle vie et neutralisation des pouvoirs.

Seulement, quand on a connu une vie de violence, de pulsions jamais refrénées, de désirs toujours assouvis (et souvent par la force), comment s'adapter à une petite vie d'employé ? Comment supporter d'être en proie au mépris de ses collègues de boulot, des gens si petits qu'on les aurait écrasés sans même y penser à peine un mois avant ? Et tout cela sous la surveillance permanente d'un agent de probation. Et si il y avait un moyen de profiter encore un peu de cette vie d'avant tout en restant incognito ?


Brubaker et Phillips s'emparent des codes du comic de super-héros classique pour mieux les retourner et imaginer l'envers du décor. De ce côté là, Incognito est une franche réussite.

Ce qui est dommage, c'est que le récit devient vite une classique histoire de poursuite, une sorte de Bourne Identity version super-héros. Le pitch initial laisser présager une réflexion plus approfondie sur l'exercice du mal et sur l'envers du décor super-héroïque, à l'instar de ce qu'avait pu apporter Marvels ou Astro City à leur époque.

Pour autant, Incognito reste une lecture très plaisante, pleine de très bonnes idées (le  syndrome de Stockholm appliqué aux victimes des violences de super-vilains par exemple). La psychologie de Zack Overkill est admirablement exposée : je n'ai pas le souvenir d'un " vilain " aussi humain dans ses états d'âmes et ses questionnements sur la vie.

La partie graphique n'est pas aussi bonne qu'on aurait pu l'imaginer de la part de Sean Phillips. Je préfère de très loin le travail qu'il a pu effectuer sur Wild CATS ou Sleeper.

Peut-être est-il desservi par une mise en couleur vraiment pas heureuse. C'est d'autant plus dommage que les couvertures vo (hélas absentes de cette édition française) sont de toute beauté.

7,5/10 Un bon comic qui se pose de bonnes questions. On est passé à deux doigts d'un truc vraiment novateur comme on n'en a plus vu depuis fort longtemps.

Winter

Publié dans Critiques Comics

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