Fiche n° 640 : Reiksguard (Les Armées de l'Empire 1) de Richard Williams
Couverture :
Résumé :
Les chevaliers de la Reiksguard ont reçu le devoir sacré de protéger la vie de l’Empereur. Sous le commandement du Marshal Kurt Helborg, la vie de la Reiksguard est régit par un code de loyauté, de courage et d’honneur inébranlable. Alors que la guerre fait rage, un jeune chevalier, Delmar von Reinhardt, va découvrir que cet ordre respecté dissimule en son sein de sombres secrets. Tout en affrontant l’alliance impie d’un chef de guerre gobelin et d’un tyran ogre, Delmar va devoir exhumer la vérité, quels que soient les adversaires qu’il trouvera sur son chemin.
Informations complémentaires :
http://critic.fr/detail_livre.php?livre=36301
Mon avis :
"Les Armée de l'Empire", c'est le nom de la nouvelle collection de l'éditeur "Bibliothèque Interdite", et "Reiksguard" en est le premier roman. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le monde - de plus en plus réputé - de Warhammer, il faut savoir qu'à l'origine il servait de background pour le wargame du même nom inventé par Games Workshop. Grosso modo il s'agit d'une adaptation de notre planète Terre à la sauce fantastique. Ainsi le Vieux Monde, où se déroule l'action du roman, équivaut à l'Europe, et l'empire des hommes pourrait être assimilé au Saint-Empire Romain Germanique du XVIe siècle. Certains se plaindront du manque d'originalité, personnellement je leur donnerais tort. D'abord parce que, finalement, cet univers aux contours familiers nous permet souvent de visualiser avec d'autant plus de clarté les paysages, l'architecture ou encore les tenues vestimentaires; par ailleurs les légendes de Warhammer font appel à divers mythes et mythologies fondatrices de civilistaions qui évoquent "forcément" quelque chose en chacun de nous: au hasard, les chevaliers de la table ronde, l'Egypte ancienne, la mythologie scandinave ou celtique (même si les noms ne correspondent pas forcément)... Enfin, le peaufinement constant dont il est l'objet rend l'univers de Warhammer de plus en plus sombre, complexe et, "forcément", intéressant. Si bien que magie, religion, diplomatie, combats épiques démesurés ou encore quêtes de héros esseulés s'entremêlent joyeusement aux quatre coins d'un monde en pleine évolution. Car, c'est aussi un point à déveloper, le monde de warhammer n'est pas figé à un instant T (ou du moins si, mais l'instant T est appelé à changer de temps à autres). Ainsi, en 2003 si mes souvenirs sont bons, une énorme campagne intulée "Tempète du Chaos" a vu des pratiquants du jeu de figurine Warhammer s'affronter un peu partout pour décider du sort de l'Empire, les résultats des joueurs lambdas ayant une incidence sur le déroulement de la campagne, et donc sur le sort du Vieux Monde. Du coup, on peut se dire Warhammer et son univers appartiennent un peu à chacun de ses adeptes, et c'est plutôt sympa.
Mais bon je m'égare un peu, revenons-en au bouquin proprement dit: ici, comme le quatrième de couverture ne l'indique pas, nous suivons le parcours initiatique de deux personnages, à savoir Delmar et Siebrecht, ce dernier étant à mon sens aussi important que le premier. En effet, ces deux jeunes nobles de l'Empire ont été choisi pour intégrer le plus célèbre des ordres de chevalerie: la reiksguard. Sans être un féru d'éthymologie on devine qu'il s'agit ni plus ni moins de la garde de l'empereur. Or, il s'avère que la reiksguard est une vitrine des forces comme des faiblesses d'un empire aux pieds d'argile, et la "scolarité" des deux jeunots ne manquera pas de mettre en avant les fissures qui le parcourent, notamment entre le comté du Reikland, siège de la capitale Altdorf et principal pourvoyeur des armées impériales, et les reste des provinces. C'est plus particulièrement cet aspect politique qui rend l'entraînement intéressant, même si d'autres éléments viennent pimenter la chose. Ainsi il convient de noter que le récit comprend plusieurs personnages secondaires de valeur, qui nous permettent encore une fois de découvrir les différentes sphère d'un Empire décidément complexe voire tourmenté: de Talhoffer, le maître d'arme amputé, à "frère Pureté" en passant par Herr Von Matz, la force doit s'accorder avec la théologie, tout en composant avec la realpolitik... Car à l'heure de la guerre, les anciens serments prennent toute leur valeur, mais spéculations et dissensions internes -voire chasse aux sorcières- ne disparaissent pas pour autant.
Ainsi ce premier roman de la collection "Les Armées de l'Empire" détient tous les ingrédients pour vous offrir une lecture agréable. Bien sûr ça n'est pas du Tolkien, ni au niveau de l'ampleur du récit (les 400 pages de "Reiksguard" font presque figure d'amuse-gueule à côté), ni au niveau du style, même si sur ce point l'auteur est plutôt au dessus de la moyenne par rapport à ce que la "Bibliothèque Interdite" offre habituellement. En gros c'est une plume efficace, sans accrocs ou presque (quoique des répétitions parfois agacantes sont à signaler, mais peut-être que la traduction y est pour quelque chose), mais sans éclats non plus. La traduction est honnête, malgré quelques coquilles de-ci de-là.
Voilà, je vois pas trop quoi rajouter... Si, tout-de-même, pour ceux qui s'intéressent essentiellement au côté épique de ce genre de littérature, les combats sont dans l'ensemble bien amenés, bien décrits, et donc assez prenants.
7/10 Au départ je comptais mettre 6.5, mais j'ai décidé de rajouter 0.5 points pour encourager cette nouvelle collection (car il est évident que cette chronique sera expédiée en haut lieu), en espérant qu'elle ne cesse de se bonifier par la suite. Enfin, c'est pas de la charité non plus hein, l'histoire est chouette, puis j'aime beaucoup le monde de Warhammer, lequel est bien exploité ici. Donc voilà, une lecture à conseiller pour ceux qui aiment les récits initiatiques assez pêchus, et relativement fouillés... Sans prise de tête quoi !
Léo