Fiche n° 673 : La dernière Nécropole de Gabriel Eugène Kopp
Couverture :
Résumé :
Petite cuisine cosmologique : de l’art d’accommoder les beignets à la sauce hard science.
Un artefact en forme de tore, découvert dans la ceinture de Kuiper ; à l’intérieur, des milliers - millions ? - de gisants, nus et calmes dans une lumière bleue, bercés par une musique aux accents inconnus.
Ici, la lumière courbe l’espace ; les morts sont remplacés à l’identique ; rien n’est mesurable.
Ici, les tores se retournent au mépris des règles élémentaires de la topologie. Mais la crise du logement est terminée. Enfin, elle le serait si on comprenait comment tout ça fonctionne...
Les scientifiques ont mauvaise mine.
C’est peut-être qu’ils ne se posent pas les bonnes questions...
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=37522
Mon avis :
Poussé par une soudaine fièvre acheteuse et un pitch alléchant (votre serviteur étant revenu dans un cycle de lecture uniquement SF), j'ai acquis il y a peu ce petit ouvrage des éditions Griffe d'Encre. La couverture d'Alain Valet, qui s'améliore de plus en plus, n'y est pas non plus pour rien. De Gabriel Eugêne Kopp, je ne connaissais rien, hormis qu'il a commis, chez le même éditeur, une autre novella intitulée "Au nord-nord-ouest d'Eden". Je me suis donc jeté comme un mort de faim sur le récit ici présenté sans aucun a priori, ni positif, ni négatif. Juste par curiosité.
Et le couperet, aiguisé comme le couteau tout neuf du boucher, est tombé : je n'ai pas du tout adhéré. Sad. Tout au long des quatre-vingt-quatre pages, je me suis forcé, et ne suis jamais entré réellement dans le récit. Plusieurs raisons à cela : premièrement, un personnage principal (flic) qui résonne dans ce récit comme un anachronisme et qui, malgré des traits d'humour et un certain sens de la réplique m'a paru manquer d'empathie (c'est valable pour les autres personnages aussi). Deuxièmement, l'auteur a des partis pris stylistiques et typographiques qui, quoique séduisants pour certains, sont surtout vite épuisants. Ça virevolte, certes, mais ça n'aide le lecteur ni à rester concentré sur sa lecture ni à s'immerger dans ce récit déjà un poil ardu puisqu'il s'agit de hard-SF. Je ne suis pas contre la hard-SF (le chroniqueur a apprécié Hal Clement, Niven, Egan, etc.) mais certaines pages deviennent vite absconses. Nous ne nierons pas ici les qualités de Kopp, il possède indéniablement du talent.
Quelques répliques amusent ici et là (dont une qui fera sourire quelques-uns après le déluge de ces derniers mois dans le microcosme SF : "Holà, Grand Précieux ! On ne confond pas métaphysique et physique, s'il-te-plaît!"), quelques références font mouche, parfois l'intrigue s'illumine d'idées fichtrement géniales. Et pourtant, tout retombe comme un soufflé, sans doute à cause de l'emballage général du récit qui m'a semblé, jusqu'à la fin en décalage avec le nœud de l'intrigue. Comme si l'on suivait deux histoires en même temps, alors qu'il ne s'agit que d'une seule. Irritante sensation.
5,5/10 La note peut paraître sévère, mais elle est plus liée à ma subjectivité de lecteur qu'à une qualité objective du récit dont l’idée de départ est extrêmement séduisante. Visiblement, ce récit n'était juste pas pour moi, pas dans mon horizon d'attente. Malgré toutes les couleurs déployées dans cette histoire, celles-ci manquent d'une certaine chaleur, de celles qui rendent une histoire totalement immersive. Mais, pour contrebalancer un peu cet état des lieux personnel au chroniqueur, nul doute que La dernière Nécropole saura tout de même séduire les amateurs de science-fiction dure, passablement sevrés de ce genre de récit ces dernières années. Kopp a tout du virtuose : maintenant il faudrait canaliser tout ça.
L'ex d'ici et d'à côté