Fiche n° 778 : Avant-première : Artères souterraines de Warren Ellis
Couverture :
Résumé :
Michael McGill, un privé à la dérive, est embauché pour retrouver l'original de la Constitution des États-Unis : une version jusqu'alors tenue secrète et comportant des amendements écrits à l'encre alien invisible, qui ont le pouvoir d'insuffler au lecteur des idées proches de celles des puritains Pères fondateurs. Pour le gouvernement, il s'agit de remettre le pays sur le droit chemin d'une morale inflexible.
Mike se lance sur la piste du précieux document, dérobé dans les années 50 et depuis passé de main en main en échange de services louches entre gens mal intentionnés. Pour un demi-million de dollars, il accepte de mettre le pied dans ce que l'Amérique a de plus fou, de plus grotesque, de plus déviant et de plus hilarant.
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Mon avis :
A la lecture du résumé de l'éditeur, on se demande s'il ne s'agit pas d'un épisode des Invisibles de Grant Morrisson tellement tout cela semble loufoque. Mais non, il s'agit bien de Warren Ellis et pour être loufoque, ça l'est bel et bien. C'est même son travail le plus drôle à ce jour. Vous allez vous pisser dessus de rire, je vous le garantis.
L'absurde quête d'une constitution alternative est l'occasion pour Ellis de mettre en scène les aspects les plus dingues et les plus subversifs des Etats-Unis post-11 septembre avec un art du dialogue corrosif et une science de la mise en scène plus folle et scabreuse que jamais. Il faut dire que son personnage principal, le détective Michael McGill dispose d'une particularité intéressante : il attire la merde. Pas de simples ennuis comme un pneu crevé ou un mauvais rhume mais de véritables catastrophes à forte tendance sexuelle et scatologique. Les mutilations en moins, on croirait presque avoir à faire au poissard récurrent de Garth Ennis.
L'ensemble forme un plaidoyer pas vraiment subtil mais terriblement efficace pour les libertés individuelles, face à des gouvernements prêts à tout pour éradiquer les déviants de rous poils et maintenir les citoyens dans le droit chemin.
Changer de medium peut s'avérer risqué mais dans le cas d'Ellis, le pari est réussi.
A l'instar d'un Gaiman qui ne nous a pas encore pondu un roman de la trempe de ses Sandman (mais on y croit), Ellis n'atteint pas ici les sommets de virtuosité d'un StormWatch, c'est indéniable. Artères souterraines n'en reste pas moins un lecture formidable, roborative et enthousiasmante qui se dévore bien trop vite.
8,5/10 Hilarant, caustique, noir et subversif, Artères souterraines est un condensé de tout ce qu'on aime chez Warren Ellis.
Winter