Fiche n° 837 : Balafrée de Michel Robert
Couverture :
Résumé :
sur les Clans, des peuples non humains. Malken, surnommée Balafrée, est orpheline et vit dans un camps d'internement réservé aux femmes. Recueillie par les Clans, avide de se venger de l'Empire qui a assassiné sa mère, elle intègre l'armée. Sauvage et rebelle, elle peine à supporter l'autorité militaire. Toutefois, au cours d'une embuscade perpétrée par l'Empire, la jeune femme sauve un éminent personnage, la quaestrice Valéna d'Aubépine. En récompense, elle reçoit une formation d'élite et devient une redoutable guerrière. Mais gouvernée par ses instincts violents, Malken est condamnée à servir dans les rangs des Bannis, une escouade des Clans chargée des pires missions.
Malken saura-t-elle survivre aux nombreux dangers qui la menacent ? Saura-elle se faire accepter
par des compagnons rétifs à sa présence ? Et surtout, pourra-t-elle assouvir la vengeance qui la guide depuis son enfance ?
Mon avis :
Un adage populaire prétend qu’il y a les filles avec lesquelles on aime s’afficher…et celles qu’on aime avoir dans son lit. Il en va de même en littérature, il y a les livres que l’on aime à gloser en bonne compagnie... et ceux qu’on dévore jusqu’à pas d’heure sous la couette ...ou ailleurs ! Balafrée fait partie de la deuxième catégorie, sachez-le !
Après le cycle des l’Agent des Ombres (très inspiré des Cycle d’Elric de Melniboné de Michael Moorcock, des princes d’Ambre de Roger Zelazny et… de Blade de chez Gérard de Villiers !), Michel Robert revient avec une saga du même acabit et varie les plaisirs en nous donnant pour le coup une héroïne malmenée elle aussi par la vie, Malken, en s’inspirant cette fois – très lourdement – de l’univers de World of Warcraft… Pour autant peut-on l’accuser de plagiat ? Même pas, de manque d’imagination tout au plus ! L’auteur emprunte sans vergogne des éléments de décors ici et là, jusqu’à l’adamantium de Wolverine pour en faire des hachettes de combat ! C’est une méthode : même pour l’inexcusable Spin Off/One Shot du cycle l’Agent des Ombres, Geritarish où il a reproduit fidèlement un Western, mais avec des armes blanches…
Michel Robert nous ressert les mêmes ingrédients qu’à son habitude ; de l’aventure, de l’exotisme, du sexe, de l’action … de la castagne à volonté ! (des scènes de baston à la Final Fantasy / Conan / Wuxia Pian / Bruce Lee … très bien rythmées, ultra efficaces). Nous restons cette fois encore dans un univers et une écriture basique et sensuelle, tout est explosion de sensations tactiles, gustatives, visuelles… chaque personnage est forcément haut en couleur, qui a les yeux vairons, un autre les a violets, les cheveux sont d’or, de jais ou d’argent, les tenues et armures sont chamarrées, bigarrées, les plats sont copieux, odorants, épicés et gouteux… tout est excès, tout stimule !
Cette profusion d’informations associée à une écriture basée sur des verbes d’action et un chapitrage très court, créent un rythme très efficace .De fait, le livre est sans rupture, sans temps mort, on ne s’ennuie pas une seconde au point de s’empêcher de sauter des paragraphes pour avoir la suite !
La base de l’histoire s’articule autour des ferments d’un conflit mondial entre deux camps établis, chacun sur son continent, les méchants humains et leurs races vassales, usant d’une magie noire abyssale, et les nobles et gentils extra humains qui souffrent et se défendent pied à pied dans cette guerre séculaire … Le troisième continent devient rapidement le territoire franc où les deux camps s’affrontent en « découvrant » pêle-mêle des tribus indigènes, une race résurgente de guerriers conquérants, une cité franche où la technologie semble bien présente pour un cycle de pure fantasy et j’en passe .
Il s’agit là d’un terrain de jeu fantastique pour situer l’action et donc l’héroïne, qui ayant passé quasiment toute sa jeune vie dans un camp de concentration de l’empire humain s’en trouve libérée dès les premiers chapitres du livre. Après quelque temps comme troufion dans l’armée régulière des clans, elle est récompensée d’un acte héroïque par une formation de guerrière d’élite qui lui permettra de donner libre cours à ses instincts de tueuse et ses velléités de vengeance… tout un programme ! D’autres personnages, à l’instar de Malken, ont une vraie densité et une part de mystère savamment ( ?) distillée par l’auteur et engendrent des intrigues secondaires qui agrémentent plus qu’utilement le récit… A contrario, des personnages d’importance presque comparables sont manichéens et bien falots avec, des motivations jusqu’aux répliques, un comportement mièvre et téléphoné qui alourdit le tout, voire agace en tirant le bouquin vers le bas. De façon générale, les « coïncidences » et autres ficelles, même efficaces, sont souvent fatiguées ; si erreurs il y a, elles ne sont plus de jeunesse !
6.5/10 À consommer sans modération et sans arrière-pensée ! On l’aura compris, Michel Robert excelle ici dans son meilleur registre, l’action et le sensuel, mais les dialogues, les sentiments ou l’introspection ( !) qui ne sont pas au niveau sont à éviter. Un premier tome inégal donc, mais jouissif et distrayant en diable, et qui plante le décor d’un cycle très prometteur. On attend fermement un deuxième tome à la hauteur d’un Coeur de Loki (second tome de l’Agent des Ombres) pour confirmer la chose et pourquoi pas un jour qui sait, une écriture à quatre mains ?
Christophe