Fiche n° 877 : Surhumain de Thierry Brun
Couverture :
Résumé :
Flic infiltrée dans les rangs de la pègre, Béatrice Rapaic endure sa difficile condition de femme parmi les mercenaires du crime.
Le parrain se fait vieux, une guerre des gangs s'annonce. Dans cette ambiance crépusculaire rôde Asano, tueur implacable qui serait doté de facultés surhumaines.
Béatrice est envoyée en première ligne pour le détruire. C'est le choc de deux réprouvés.
Dans cette confrontation mortelle, entre désir et combat, qui sera la proie de l'autre?
Avec Surhumain, Thierry Brun signe son troisième thriller.
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Mon avis :
Un sabre ensanglanté en guise de couverture. Le ton est donné pour ce thriller, 3ème roman de Thierry Brun. Alors non, et navré pour les aficionados de samouraïs, l’environnement pour ce récit ne se déroule pas en territoire asiatique, et nul n’est question de règlement de comptes entre clans ninjas. C’est bien plus proche de chez nous, en Europe oui, en France effectivement, mais dans la ville de Nancy précisément que se passe l’histoire de la pègre locale. Une passation de pouvoir pour le parrain du cru, Alfred Gruz. Alors forcément, lorsqu’on a bâti toute sa vie sur le business illicite, ça créé autant d’amitié que d’inimitié. Tout ce beau monde voulant soit s’accaparer une part si ce n’est la totalité du butin et la main mise sur le secteur, soit le déloger et le traîner une fois pour toute devant la justice afin qu’il réponde de ses actes.
Ici, pas de longs discours, l’auteur use à merveille de phrases simples, rapides, efficaces. Parfois juste un mot et un point. Point. Le grand avantage de ce procédé est que la lecture en ressort facilité, et surtout dynamique. L’action n’a beau ne pas être de tous les instants, on tourne les pages aisément, ne serait-ce que pour suivre les dialogues, réel moteur de la construction des protagonistes. Et pour ma part, c’est bien sur ces derniers davantage que sur l’intrigue même que l’intérêt est le plus prononcé. Non pas que le scénario soit superflu, la thématique de la vengeance et des différentes rancœurs étant très bien retranscrites, mais ce sont bien les personnages qui donnent corps à ce thriller. Qu’il s’agisse de Gruz le parrain ne souhaitant plus que la paix pour se retirer de ses affaires, Asano pour qui la vengeance passe par une philosophie de vie originale, Béatrice flic infiltrée dans la gang de Gruz, ainsi que les hommes de main, ou la police chargée de l’enquête, la personnalité de chacun aide grandement à l’immersion du lecteur. Plus que le présent des acteurs, c’est bien leurs histoires personnelles respectives qui expliqueront leur démarche du moment. Pour cela, Thierry Brun nourrit son texte de flash back. Outre l’avantage d’en connaître un peu plus sur nos spécimens, ces retours en arrière permettent également de changer un peu d’environnement, donnant ainsi une bonne rythmique à l’ensemble du roman.
Concernant le titre « Surhumain », j’avoue que j’étais sceptique au début. Pour la simple et bonne raison que je manque de culture philosophique. Je craignais en effet avec cet intitulé que le héros serait un guerrier génétiquement modifié, dévastant tout sur son passage. Alors oui, ce n’est pas un tendre, et il est de nature peu charitable, mais pas par le rajout d’implants ou de nanotechnologies. Non, c’est son mode de vie qui se calque sur la pensée du penseur Nietzsche. Je n’en dirais pas plus, mais voilà le titre a une réelle signification et interprétation scénaristique. Originalité de l’histoire enfin, par le lieu choisi par l’auteur. Nancy. Dit comme ça, ça ne fait pas forcément rêver, mais pour autant, il y a un charme made in France qui s’en dégage. J’aurai du mal à décrire ce sentiment, puisque davantage en lien avec un avis subjectif, mais la mayonnaise prend, et on ressent quelque chose, ah oui c’est ça, l’authenticité !
8/10 Si vous avez aimé Le Projet Bleiberg, vous aimerez Surhumain (et réciproquement !!). Une histoire que l’on sent proche de nous par la localisation choisie, Nancy. Une intrigue bien ficelée, servie par des personnages pimpants dans une écriture dynamique, aussi froide et calculée que le tranchant d’un sabre !
SebO