Fiche n° 903 : Rosée de Feu de Xavier Mauméjean

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :
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Résumé :
1944. Face à l'avancée des forces américaines dans le Pacifique, le haut-commandement de la Marine  impériale japonaise applique une tactique de la dernière chance : engager ses pilotes de dragons dans  des attaques suicide. Très vite, un autre feu du ciel s'abat sur le Soleil Levant. Les superforteresses B-29 lâchent sur les grandes villes des bombes au napalm. Seuls de rares pilotes se révèlent assez  courageux ou fous pour les affronter sur leurs dragons de combat... Trois destinées sont balayées par le souffle de la guerre. Hideo, petit garçon qui vit de l'intérieur la souffrance du Japon. Tatsuo, son grand frère, étudiant recruté dans une escadrille suicide. Enfin le capitaine Obayashi, maître archer qui impose la " stratégie de la mort assurée ".

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Mon avis :
En cette année 1944, le vent tourne dans le Pacifique. Atoll après atoll, l'armée américaine se rapproche du sol sacré du Japon. Au travers de trois regards, Xavier Mauméjean nous prend à témoin de la chute de ce Japon impérial si proche du nôtre à l'exception de l'existence et de l'utlisation des dragons.

Le capitaine Obayashi est notre vue en hauteur, celle du décideur. Initiateur de la stratégie de la mort assurée, il parcourt le roman déchiré par l'idée que le sacrifice de la jeunesse nipponne et de ses dragons, pour assurer l'avenir de la nation, soit vain. Non pas à cause de la défaite militaire mais par les changements politiques qui secouent l'entourage de l'Empereur et par la guerre d'influence que se livrent les états-majors de la marine et de l'armée de terre. Tatsuo nous montre le combat de l'intérieur. Il s'engage au moment où la stratégie des attaques suicide est décidée. Par Tatsuo, nous vivons le quotidien des pilotes et leur relation particulière, quasi-symbiotique, avec leur dragons, les Ryûjin. Hideo, le petit frère de Tatsuo, nous donne à voir l'arrière, la société japonaise entre patriotisme, peur des bombardements, propagande hallucinante et vie quotidienne, envers et contre tout. Autant de reflets du Japon en guerre, portraits brillamment brossés, tout en sobriété.

Xavier Mauméjean s'en explique en fin d'ouvrage : il a voulu son écriture à l'image du bunraku, le théâtre de marionnettes japonais. Ici, pas de grands emportements, dans la victoire ou la défaite, la joie ou l'horreur. Juste des faits, rigoureux, sans fioritures et surtout sans pathos. On pourrait taxer son style de froid. Je préfère y voir une évocation de la dignité et de l'honneur d'un peuple. Les faits évoqués, qu'il s'agisse de batailles ou de complots politiques, sont tous au plus proche de la réalité historique. L'auteur réussit cependant à ne jamais noyer son lecteur dans les détails pourtant nombreux et c'est là une autre grande qualité du roman :cette histoire-là est passionnante.

Le pendant fantastique du roman l'est tout autant. Je parle bien sûr des fabuleux Ryûjin.Ces dragons ne sont pas des créatures de fantasy mais des reptiles apparentés à des dinosaures qui auraient survécu jusqu'à nos jours. Domestiqués par les peuples asiatiques, ils constituent la flotte aérienne du Japon. Ces créatures sont d'autant plus fascinantes qu'elles ne sont pas magiques. Xavier Mauméjean les explique, biologiquement, et on se prend à rêver que de pareilles créatures existent vraiment.

Je pourrais continuer longuement en vous parlant des combats aériens, génialement menés, des contraintes du vol de combat à dos de dragon en terme d'assiette ou des mérites comparés des Raiden, des Nobori-Ryu ou des P'i han mais je préfère simplement vous conseiller de vous jeter sur Rosée de feu.

9/10  Superbement écrit, emprunt de dignité et parcouru d'idées brillantes, Rosée de feu est un ouvrage qu'il devient difficile de lâcher une fois commencé. Un des meilleurs romans de l'année passée.

Winter

Publié dans Critiques Fantasy

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