Fiche n° 924 : Planète à Louer de Yoss

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :
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Résumé :

Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d'éclater. Afin de sauver la Terre, des espèces extraterrestres en prennent possession, après avoir fait montre de leur force en annihilant l'Afrique. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l'équilibre écologique. Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l'image d'Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d'être idylliques.

Buca, la prostituée, Moy, l'artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n'aspirent qu'à une seule chose : fuir... partir... s'exiler... quitter la Terre... par tous les moyens !


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Mon avis :

Mnémos reprend la voie ouverte par les excellentes éditions Rivière blanche en poursuivant la publication en France du cubain Yoss. On retrouve Sylvie Miller à la traduction de ce roman choral (une expression pour ne pas dire le gros mot « recueil de nouvelles ») magnifiquement illustré par Alain Brion.   

Les  extra-terrestres  ne nous ont pas bombardés avec des missiles nucléaires, ils n’ont pas non plus dévié une comète pour pousser notre planète bleue dans un trou noir, non, ils ont fait pire… Ils ont fait de  la Terre la destination privilégiée pour leurs vacances. Pire ? Oui pire… Car que faire quand cette puissance extérieure contrôle votre police, pollue votre planète, baise vos travailleuses sociales (une expression pour ne pas dire « pute »), pille vos richesses… Oui, que faire quand vous n’existez que par le tourisme et pour les touristes ? Vous vous retrouvez sans rien : sans rêve, sans argent, sans terre, sans domicile, sans Terre. Alors, forcément, vous rêvez d’ailleurs, de là-haut. En un mot : fuir. Ce ne sera pas forcément mieux qu’ici, mais en tout cas, ce ne sera pas pire…

Dans chaque nouvelle, l’auteur donne la parole à un personnage différent – on suit une prostituée, un sportif, un artiste, un flic, etc. – et de dévoiler une nouvelle facette de cet avenir sombre. Ainsi, les nouvelles se croisent et s’entrecroisent pour nous livrer une vision d’ensemble non seulement de cette Terre sous occupation mais aussi un témoignage sans concession sur son pays : Cuba. Car si vous remplacez les extra-terrestres par des touristes bien terriens, et la Terre par Cuba, vous avez un semblant d’idée de la situation actuelle qui règne sur cette Île d’Amérique centrale. Depuis trop longtemps, Cuba ploie sous le poids des étrangers et des touristes qui la dépouillent petit à petit de son identité et l’empêche d’exister.  

Cette dimension revendicatrice de l’œuvre la ramène quelques dizaines d’années en arrière au niveau de la SF. On croirait lire un roman des années 50-60 – un Frederik Pohl ou Robert Sheckley. Un peu comme si Yoss n’avait jamais ouvert un roman de SF de ces trente dernières années. Que ce soit au niveau du style ou des thèmes traités, dans le ton ou dans la narration, Planète à Louer évoque le meilleur de l’Âge d’or… et on ne va pas s’en plaindre !

8,5/10 Planète à Louer s’avère être l’un des plus beaux morceaux de SF de ces dernières années : atypique, sincère et  dénonciateur. Une réussite (une expression pour ne pas dire « presqu’un chef d’œuvre ») !

Simatural

Publié dans Critiques SF

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