Fiche n° 936 : L'Âge de Ra de James Lovegrove
Couverture (V.O.) :
Résumé :
Une histoire alternative du monde où les dieux égyptiens ont vaincu tous les autres et se sont partagé la planète entre eux. Seule une bande de combattants de la liberté guidé par leur énigmatique leader peut libérer la Terre de leur tyrannie divine.
Informations complémentaires : à venir
Mon avis :
L'Age de Ra est un livre de James Lovegrove, et sort ce mois d'avril 2011 chez Eclipse.
Nous sommes habitués depuis longtemps à la science-fiction militaire. Nous connaissons aussi le fantastique contemporain: il revient particulièrement en force ces dernières années au travers de la bit-lit. James Lovegrove nous propose ici une fusion de ces deux genres, une sorte de fantastique militaire.
Comme le titre l'indique, c'est le panthéon égyptien qui nous fournit le deuxième composant.
En revenant d'Égypte, les archéologues ont aussi ramené la Vraie Foi. Ra et sa cohorte ont massacré tous leurs concurrents, et se sont établis en maîtres incontestés du monde. Toute la Terre est conquise. Toute? Non! Car un petit pays d'irréductibles... Non, je vous prie de m'excuser, mauvaise série.
En fait, l'Égypte est bien la dernière terre libre: aucun dieu ne pouvait supporter de la laisser aux autres, et ils ont donc décidé de tous quitter définitivement le bercail.
Ils se sont partagés le reste monde, et des blocs se sont formés selon les alliances des divinités tutélaires. Tout comptes faits, pas de grand changement pour nous: les guerres s'y font juste pour des raisons divines, et non pas humaines. Ra, qui rêvait d'harmonie,se sent un peu las.
Une black-op intense laisse David Westwynter, officier de l'armée britannique et donc de l'Hégémonie Osiriaque, isolé derrière les lignes nephthyssiennes. Son chemin de retour l'amène en Égypte, où tout est différent: sans dieux, les hommes sont libres de s'entre-déchirer pour leurs propres raisons, et ne s'en privent pas. Une exception: le Porteur de Lumière pousse à la révolte contre la Vraie Foi.
Du coté de chez Ra, ses sombres ruminations nous permettent de redécouvrir le panthéon égyptien sans effort, noyant agréablement la grande Histoire dans la petite, plutôt bien ficelée. Il en devient un personnage majeur.
Si seulement Lovegrove avait su faire de même avec le Porteur de Lumière ! Son exposition est la horde sauvage du livre: les pages ne sont que vingt-sept, mais elles semblent cent lorsqu'il faut les lire. C'est d'autant plus regrettable qu'il ne manquait qu'un peu de vie pour les rendre intéressantes: quelques pauses, des commentaires du protagoniste, quelques descriptions du décor, ne serait-ce qu'une ombre suggérant le temps qui passe...
Enfin, David est convaincu.
Heureusement, ce serait bien embarrassant sinon.
Le livre reprend ensuite un rythme plus soutenu, enchaîne ensuite une alternance entre les scènes divines et celles de révolution, jusqu'au bouquet final.
Si les dieux sont centraux dans leurs propres chapitres (il ferait beau voir!) ils ne sont guère qu'un McGuffin, un prétexte, pour le reste du livre. Cette absence d'intégration est peut-être une opportunité perdue - je pense à la nouvelle Thor contre Captain America de David Brin, par exemple, bâtie sur un sujet similaire.
L'aspect militaire semble solide, au moins pour mon regard peu exercé.
L'Age de Ra n'est donc pas un mauvais livre, mais il aurait pu être meilleur sans grand effort, peut-être même très bon en allant jusqu'au bout de son potentiel. C'est probablement sa plus grande faiblesse, et ce serait une double peine de trop le lui reprocher: à part une exposition maladroite, il reste une lecture divertissante, bien que sans l'originalité espérée.
6/10 Une fusion de SF militaire et de fantastique, pas vilaine mais pas aussi originale qu'on pouvait l'espérer, et tristement handicapée par quelques maladresses et lourdeurs facilement évitables. La priorité du récit est aux choses militaires, les amateurs peuvent rajouter jusqu'à 1 point, particulièrement s'ils ne sont pas trop habitués aux ficelles du fantastique.
Eldritch