Fiche n° 633 : L'évangile selon Judas de Vazquez

Publié le par Cyrielle...

Couverture :
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Résumé :
Judas est un personnage muet, inexpressif et mystérieux qui ressemble en tout et pour tout à un écureuil : de lui on sait seulement qu’il aime beaucoup dessiner. Au fil des ses péripéties, on découvre les multiples facettes de sa personnalité, ses dépendances (aux psychotropes et au travail), ses chutes et ses renaissances. Dans son parcours existentiel en zigzag, il rencontre l’ami Vernel, le Grand Maître qui tout connaît, Micael le moineau fantôme, Christian le crapaud, Jésus-Christ l’éditeur, le louveteau… personnages qui accompagnent Judas dans ses déambulations dans des univers imaginaires tels le Labyrinthe du Faux Bonheur, la Montagne du Grand Maître ou Mimolandia.

Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=36518

 
Mon avis :
       L’Évangile selon Judas, c’est avant tout un objet qui attire l’œil. Un format roman, une couverture illustrée dans un style très rococo, avec dorures et toute la panoplie. Bien sûr, ce côté exagérément kitsch plait, ou pas. Mais indéniablement, ça attire l’œil. Alors on l’ouvre, et on découvre. Et là, surprise. Le style est à l’opposé de ce que l’on aurait pu attendre. Oublié, l’aspect doucement niaiseux du journal secret d’adolescente pré-pubère. On pénètre dans un univers tordu, plutôt sombre, ou l’on avance au fil des pérégrinations et des turpitudes de Judas, écureuil catholique ambitieux qui rêve de percer dans la BD. Enfin, écureuil… Ca, c’est que Vazquez nous demande d’admettre dès le départ (n’étant pas contrariants, nous admettrons bien volontiers) parce qu’il ne ressemble en fait ni plus ni moins qu’à une sorte de casquette molle surmontée d’oreilles… Quoi qu’il en soit, Judas, petite chose attachante mais pas très sympathique, nous entraîne dans son monde fait d’espoirs et de déceptions, d’amitiés douteuses, de drogue et de douce folie.

       Le trait semble simple, voire simpliste, mais joue clairement un rôle dans l’ambiance de l’histoire. On est dans la prise de note, l’anecdote jetée sur le papier. Les différents personnages, caricaturaux, sont graphiquement fidèles à leur caractère et à leur rôle dans la vie de Judas. Une question, cependant : Vasquez s’est-il totalement inspiré des art toys pour le dessin de ses héros (et principalement pour Judas) ou ne s’agit-il que d’une bienheureuse coïncidence ? En tout cas, l’effet est assez plaisant, et le noir et blanc participe avec le reste à la lisibilité générale de la BD. 

       Pour le reste, il faut s’accrocher. Le ton est changeant, les chutes des différentes saynètes pas toujours très claires, et on a un peu de mal à saisir au final le but, le sens ou la morale de tout ça. C’est sombre, c’est délirant au sens premier du terme, et on a parfois un peu l’impression d’avoir nous-même abusé des cèpes hallucinogènes dont Judas et ses amis raffolent. Certains adhèreront complètement à ce cynisme assumé, d’autres se demanderont quand même ce qu’il y a à retenir de ce petit pavé.

       Quand on découvre qu’il s’agit là, en fait, d’une autobiographie aux codes revisités, on en reste quelque peu perplexe. Mince, mais alors, Alberto Vazquez serait en fait un écureuil ? A moins que tout ça ne soit en réalité qu’une gigantesque métaphore… Du coup, Jésus Christ, éditeur adulé que Judas rêve d’impressionner, représenterait d’une certaine manière la toute puissance des grandes maison d’édition sur les dessinateurs et scénaristes indépendants ? Tout s’éclaire…  

3/10 Objectivement, L'Évangile selon Judas, c'est loin d'être mauvais. C'est juste particulier ! Tout de suite, on adore ou on déteste, et on ne peut dans les deux cas que saluer le style de l’auteur. Oui mais voilà, il paraît que pour une chronique, la subjectivité c’est important. Et pour ma part, je n’ai pas, mais alors pas du tout, adhéré. Je me suis sentie larguée dès le départ dans un monde trop torturé et personnel pour être partagé avec le lecteur, avec un peu l’impression d’assister à une séance de psychanalyse chaotique. Et en tant que grande fan du second degré (et même du troisième ou du quatrième), du cynisme gratuit et des bonnes répliques cinglantes, je regrette vraiment que l'humour noir de Vazquez ne m'ait, à aucun moment, fait sourire...

Cyrielle...

Publié dans Critiques BD

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