Fiche n° 596 : Chambre obscure - tome I de Bonin
Couverture :
Résumé :
Il s'en passe des choses étranges, dans les maisons bourgeoises du début du XXème siècle ! Cyril Bonin creuse la veine d'un Maurice Leblanc en nous invitant chez les Dambroise, famille toute à la joie des retrouvailles avec Alma, la soeur prodigue, de passage entre deux aventures. Mais la fête est gâchée par le mystérieux vol de trois tableaux de famille, sans valeur autre que les souvenirs. Il est l'heure pour l'inspecteur Alcide Leblanc d'entrer en scène, et de démêler l'artifice de la réalité, la fiction de la vie !
Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=36592
Mon avis :
1912, la famille Dambroise vit à quelques km de Paris, dans une maison luxueuse, vestige d'une fortune passée. Une petite vie sans histoire, rythmée par les allers et venues d'Alma, la tante, la femme moderne, l'aventurière. Mais cette année, un étrange incident va bouleverser leur quotidien. Trois tableaux, d'aucune valeur si ce n'est sentimentale, Trois portraits d'illustres ancêtres, sont dérobés. Mais les Dambroise n'ont pas la moindre raison de s'inquiéter puisque l'intrigant inspecteur Alcide Leblanc se charge de l'affaire...
La chambre obscure, c'est d'abord des personnages, hauts en couleurs, tous plus originaux les uns que les autres, malgré les apparences trompeuses, attachants, à leur manière. Il y a bien sûr Alma, la tante, véritable femme du monde, insoumise, revendicatrice, exploratrice. Elle voyage entourée d'hommes, indépendante, terre à terre, à travers le monde, pilotant même des avions, elle est une véritable légende aux yeux de sa nièce, Séraphine. Elle, toujours le nez dans ses romans, vit l'aventure par procuration, mais quelles aventures. Il y a aussi le père de famille, Simon, également gérant de l'usine de textile, Edmée, l'épouse hypocondriaque, le grand père complètement sénile, Maurice, la majordome, et bien sûr, Alcide Leblanc, inspecteur froid et méthodique, efficace, mystérieux et un brin supersticieux... Avec lui, pas de souci, l'affaire sera résolue, pourtant, sa présence est parfois plus inquiétante que celle de tous les malfrats du coin.
Son enquête justement semble d'une simplicité déconcertante. Trois tableaux à retrouver, sans valeur marchande, une affaire de routine en somme. Mais bien sûr, tout cela serait bien léger, si celle-ci ne se corsait pas au fil des pages. Non seulement les tableaux n'ont pas encore révélé tous leurs mystères à la fin de ce premier tome, mais en plus, l'affire a déjà pris des proportions bien supérieures à tout ce qu'on pouvait imaginer. Bref, à ce niveau, Chambre obscure révèle biens des surprises.
Mais la force de cette série naissante, c'est avant tout son graphisme, son ambiance, l'atmosphère "vieux polar" du début du siècle dernier. Des personnages typés, aux visages allongés, des planches presque en monochromes, alternant les couleurs grises, ocres. Des indices disséminés un peu partout, des fausses pistes, des personnages dont on ne discerne qu'une silhouette, tout, je dis bien tout, est construit comme une sorte d'hommage à Arsène Lupin (ne serait ce que le nom du détective), ou à une partie de Cluedo... Et cette ambiance dépasse même le cadre des planches, puisque l'objet en lui-même, d'une réalisation impeccable, renvoie à cette idée : dos toilé, intérieur rappelant de vieilles tapisseries. Bref, rien n'a été laissé au hasard. Chambre obscure est une série déjà à part, tout bonnement excellente.
8,5/10 Une simple enquête de routine menée par l'implacable Alcide Leblanc. Des personnages hauts en couleurs, une ambiance rétro exceptionnelle pour cet hommage aux polars du début du siècle dernier. Une série à part et un objet de bien belle facture.
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