Fiche n° 820 : L'Essence de l'Art de Iain Banks
Couverture :
Résumé :
Une vaste société galactique, anarchique, protéiforme, pacifique. Une société qui nous observe depuis les entrailles d’Arbitraire, vaisseau géant doué de raison en proie à un profond dilemme à mesure que nous autres, pauvres humains, nous déchirons sans relâche et détruisons notre planète sous ses yeux électroniques. Faut-il intervenir, quitte à provoquer un bouleversement qui pourrait s’avérer le plus terrible des remèdes ? En d’autres termes : notre civilisation mérite-t-elle d’être sauvée, et si oui à quel prix ? Car après tout, se frotter ainsi à la barbarie humaine peut s’avérer plus fascinant qu’on ne l’imagine… N’y a-t-il pas ici un risque pour la Culture elle-même ?
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Mon avis :
L'Essence de l’Art aux éditions Bélial est un recueil de nouvelles introduit par une large présentation intitulée Introduction à la Culture. Univers de science-fiction que développe Iain M. Banks depuis 1987. Le recueil contient 8 nouvelles inégales en longueurs et en qualité.
Le titre même de l'ouvrage vient d'un texte que l'on devrait plutôt ranger dans la catégorie des courts romans. (110 pages sur les 278 du volume). La lecture de l'introduction laissera à mon avis perplexe les néophytes, mais ouvrira de nombreuses portes à ceux qui veulent aller plus loin. En effet l'univers de « la culture » de par sa complexité de point de vue ne peut être appréhendé que par l'expérience, c'est-à-dire après la lecture des romans qui font partie de ce cycle (par ordre chronologique d'édition : Une forme de guerre (1987), L'Homme des Jeux, L'État des Arts (L'Essence de l'Art), L'Usage des Armes, Excessions, Inversions, Le Sens du Vent et Trame (2008)).
Suivent donc d'abord quelques nouvelles qui laisse l'amateur sur sa fin, certes elles ont toutes ce goût étrange que laisse la lecture de tous les livres de Monsieur Banks, mais il faut attendre la nouvelle intitulée Descente pour enfin trouver un récit court bien ficelé : un homme et son scaphandre intelligent sont perdus sur une planète hostile, ils sont tous les deux à bouts d'énergie, les points de vue s'entremêlent, les conversations sont tendues, ils marchent mais n'arrivent pas... Arriveront-ils d'ailleurs ??? Un vrai plaisir de lecture à la hauteur de Construire un Feu de Jack London. Puis en tournant les pages nous tombons sur le sommaire de ce petit roman qu'est L'Essence de l'Art. 1 -Excuses et accusations 2 - Moi même, encore plus déplacé ici... Bref la lecture du sommaire donne le ton. Et dès le début, ce texte qui date de 1989, nous amène dans l'essence de « La Culture ». Je ne résumerais pas ici ce petit roman, car ce serait dévoiler une surprise pour les amateurs du cycle ; disons surtout qu'ici tout est relatif et qu'il est question de la grande question que pose Banks dans ces romans (de SF ou de Littérature) quels actes fondent notre culture, quelles émotions font notre humanité. En cela ce texte relève plus de la lignée des décadents tel que Barbusse, des anciens de la SF tel que Jack Spitz, ou du nouvel existentialisme de Colin Wilson que du space opera d'action (dont font partie certains romans du cycle). « La culture » y est remise en question par le comportement d'un de ses membres qui par ses choix pose toutes les limites du mode de vie de cette civilisation prétentieuse et souvent trop propre. Chez Banks tout est point de vue. Le génie de son cycle, c'est de nous faire adhérer à un univers ou l'homme semble tout contrôler (jusqu'à la production de ses propres hormones), pour mieux nous interroger sur notre identité.
6/10 Ce petit roman est essentiel dans le cycle et je trouve dommage que le reste du recueil ne soit pas à la hauteur de ce petit chef-d'œuvre. Les 110 pages de L'Essence de l'Art passionneront les connaisseurs et surprendront ceux qui souhaitent commencer par un texte court leur voyage dans la Culture. Les deux trouveront en fin d'ouvrage une bibliographie très utile pour les collectionneurs.
Bruno