Fiche n° 938 : L'Enfant-Rien de Hug
Couverture :
Résumé :
« Aussi loin que je me souvienne, je l’attendais assis, le menton sur les genoux, les bras autour des jambes et le dos appuyé contre la porte du placard. »
Petit garçon étrange, Adrien guette chaque semaine l’arrivée du père de sa demi-sœur, dans l’espoir de recueillir un regard, une parole ou un geste tendre. S’il rêve d’un papa, Adrien veut surtout percer le secret de sa naissance, secret qu’il croit enfermé dans une boîte rouge, cachée hors de sa portée. Le jour où sa mère se fait renverser par une voiture et se transforme en « tas-de-fraises-à-la-crème », la possibilité d’une vie différente s’ouvre à lui. Mais Adrien, l’enfant-rien, peut-il vraiment trouver sa place dans une famille qui n’est pas la sienne ?
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Mon avis :
Après Jérôme Camut en solo sur la tétralogie qui l’a fait connaître au grand public « Malhorne » (qui vaut le détour soit dit en passant), après Jérôme Camut ET Nathalie Hug dans le cycle « Les voies de l’ombre » (thriller qui vaut le détour), ou encore « Les éveillés », « 3 fois plus loin » et « Les Yeux d’Harry » (thrillers en one-shot qui valent chacun le détour, oui à force, ça en fait des détours, mais que c’est bon), voilà Nathalie HUG face à elle-même, pour rédiger son premier roman intitulé « L’enfant-rien ».
ATTENTION, ceci n’est pas un thriller. Du moins pas dans le genre dont ce couple d’auteurs nous a habitué. Pas de grand complot, pas d’ésotérisme, pas d’hémoglobine, pas de psychopathe. Ceci dit, il perdure toujours une qualité indéniable dans ce récit. La qualité d’écriture pour une lecture aisée et limpide nous menant d’un bout à l’autre de l’histoire. La fréquence des chapitres, autre empreinte des romanciers est par conséquent rapide. A peine a-t-on fini un chapitre, simplement intitulé « un », « deux », « cinq et demi » que l’envie nous prend de prolonger le désir et d’aboutir au «vingt ». D’ailleurs, si ces sections sont sobrement appelées ainsi, c’est pour encadrer et imager un environnement enfantin. Mais point ne sont enfantins les problèmes et questions qui trottent dans la tête de notre chérubin Adrien. C’est là l’un des ingrédients phares de ce court roman (130 pages). Par les yeux et l’esprit d’Adrien, nous allons plonger dans une réflexion qui perturbe de nombreux enfants.. et parents. Sa propre place au sein d’une famille éclatée. Un papa absent depuis toujours et inconnu au bataillon, une séparation parentale, une demi-sœur qui elle a un papa aimant, attentionné et affectueux. Tous ces éléments sont les ingrédients et le lot quotidien d’une nouvelle typologie de famille, dite « recomposée ». Des questions simples mais au sens profond, où le manque de réponses sincères et concrètes des adultes rend la compréhension juvénile d’autant plus floue et biaisée. L’absence de repère dont fait preuve Adrien en est un parfait exemple. Les questions qu’il se pose parfois frisent même l’insolence. Mais une insolence naïve et incontrôlée, et non pas un goût affiché pour la méchanceté des propos ou des actes qui en découleront.
Nathalie Hug nous offre alors par ce récit la quête d’un enfant qui se cherche. Qui se cherche lui-même, mais qui cherche aussi la vérité sur son papa, ombre insaisissable dont la vérité pourrait se trouver à proximité de lui, dans une boîte rouge placée sur une haute étagère. Des réponses qui pourraient l’amener à mieux comprendre sa place actuelle, mais aussi à mieux appréhender les réactions des personnes l’environnant. Le style littéraire se veut alors très terre-à-terre, mais dans le bon sens du terme. Je n’ai pu m’empêcher en le lisant de penser à deux auteurs de fiction jeunesse. Neil Gaiman d’un côté (oui je sais, ça peut paraître présomptueux), qui lorsqu’il écrit « Odd et les Géants de Glace », « L’étrange vie de Nobody Owens», ou encore « Entremonde » parvient parfaitement à mêler simplisme, émotion et poésie. Et de l’autre, le côté naïf et réflexions enfantines m’ont évoqué « Des fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes. Il ne s’agit pour sûr que de mon avis, mais telle est la sensation que j’ai eu en lisant « L’enfant-rien ».
7/10 Premier roman en solo pour Nathalie Hug, « L’enfant-rien » cache bien son jeu. Sous son côté enfantin, en ressort toute une réflexion profonde et concrète. La place d’un enfant dans une famille recomposée, la paternité, l’acceptation par autrui. Un mal récurrent dans notre société, que l’auteur a su manier avec simplicité et émotion en s’appuyant sur la vision de l’enfant en question.
SebO