Fiche n° 899 : Déraison et Sentiments (La première Loi) 2) d'Abercrombie

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :

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Résumé :

Le tocsin de la guerre résonne aux portes de l’Union. L’armée du monde libre, inexpérimentée, mal équipée, divisée par les querelles intestines que se livrent ses chefs incompétents, semble inconsciente du danger qui la guette. Face à elle, sur le front du Nord, les barbares de Bethod se chauffent d’un tout autre bois...

Au Sud, les forces du Gorkhul se massent au pied de la cité de Dagoska. Alors que la ville bouillonne des préparatifs la bataille, l’inquisiteur Glotka – affecté là après la disparition suspecte de son prédécesseur – découvre une conspiration visant à livrer la ville à l’ennemi sans combat. Menacé à chaque instant, Glotka a besoin de réponses, et vite.

 

Pendant ce temps, la poignée de héros réunie par Bayaz prend la route du Vieil Empire, à destination du bord du Monde. Le Mage espère y trouver la Graine, une relique surpuissante, jadis responsable de la destruction de plusieurs villes, et peut-être aujourd’hui l’unique voie de salut pour l’Union. Mais encore faut-il pouvoir s’en emparer... et la contrôler !

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Mon avis :

Ne dit-on pas que les gens cyniques affichent ce masque, cette protection, pour mieux camoufler leur naïveté et leur optimisme. Quel rapport avec le présent livre ? Chez Joe Abercrombie, il y a des personnages violents, cyniques, matures qui masquent leur héroïsme et leur droiture dans un drap noir. À la différence d’un David Gemmell par exemple. Si l’on disait de ce dernier qu’il mettait tout son cœur dans ses romans (et ses lecteurs savent à quel point c’est vrai), Joe Abercrombie y met tout son estomac, toutes ses tripes. C’est acide et répugnant au premier abord, mais derrière toute cette « merde » se cachent quelques morceaux de ce qui était autrefois un cœur. Pour faire court, pour le dire franchement, Joe Abercrombie, c’est de l’héroïc fantasy à la David Gemmell, c’est de la dark fantasy (Glen Cook) à la Compagnie noire, c’est l’un des tous meilleurs auteurs actuels !
 
Les trois auteurs ont en commun cette capacité à créer des personnages attachants, des antihéros en apparence, des héros au fur et à mesure que les situations appellent encore et toujours plus de ces hommes et de ces femmes. Tout le monde se souvient de Druss, de Connavar, de Toubib, de Corbeau. Vous n’arrivez pas à l’inquisiteur Glotka (l’un des protagonistes les plus formidables de ces dernières années), Logen, Bayaz et les autres. Je vais me faire militant, mais cette fantasy de tout premier plan, résolument sombre et mature, mérite mieux que son présent anonymat. Pour tout vous dire, je place Abercrombie au même niveau qu’un Rothfuss, un Lynch ou un Sanderson. Rappelons que le premier tome était paru dans la défunte collection grand format fantasy de J’ai lu avant de rejoindre le giron de Pygmalion qui, pour le coup, a eu l’intelligence de reprendre la magnifique couverture de l’édition originale.

Après un premier tome pas exempt de défauts, l’auteur anglais a réussi à gommer les petites imperfections du précédent (scènes confuses, problème de rythme, dialogues pas terribles) et à hausser le niveau de son histoire qui ne cesse de monter en puissance (je gage que le troisième volume sera encore meilleur – il est prévu pour septembre 2011). Et s’il y a toujours ces étonnantes onomatopées lors des discussions, ils participent au style unique et incisif de son auteur, très branché humour noir (certaines phrases sont un régal !).

Tout au long des 600 pages (pas de longueurs à déplorer), on alterne les points de vue et si l’on attend avec une très grande impatience les passages mettant en scène Glotka, force est de constater que les autres personnages ne sont pas en reste et connaissent une progression et un développement qui forcent le respect et l’attachement qu’on leur éprouve.

Finalement, le seul reproche que l’on puisse adresser à cette version française, c’est la traduction du titre qui est passée d’un jouissif Before They Are Hanged à un peu inspiré Déraison et sentiments.      

8,5/10 Une fantasy sombre et adulte à la hauteur de la Compagnie noire et des meilleurs romans de David Gemmell. Un bonbon noir et acide, au cœur tendre !

Simatural

Publié dans Critiques Fantasy

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D
<br /> J'aime la Compagnie Noire.<br /> Donc dans ma liste.<br /> <br /> Merci Critic !<br /> <br /> <br />
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